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Edito

septembre 2008, par Marjolaine Dégremont

Après une marche des fiertés LGBT particulièrement réussie, où Act Up-Paris et Aides ont défilé ensemble sous le mot d’ordre commun « Sortons le sida du placard », une délégation d’ActupienNEs vêtuEs de T shirts Silencio=Muerte est partie pour Mexico, assister à la XVIIe
conférence internationale sur le sida.

La veille de la cérémonie d’ouverture, avait lieu dans les rues de la ville la première marche mondiale contre l’homophobie et les discriminations
de l’histoire du Mexique. Nous avons traversé la ville aux côtés de milliers d’activistes LGBT, dont de nombreux mexicains, pour finir sur la place Zocalo. C’est sur cette place de la Constitution que deux militantes d’Act Up-Paris ont appelé à un die-in géant pour symboliser les morts de l’homophobie, et les victimes de l’inaction des pays du G8 en
matière de lutte contre le sida.

L’esprit général de la conférence était plus à l’associatif qu’à la recherche ou au thérapeutique, à l’image du désengagement des laboratoires
pharmaceutiques, comme Roche qui a annoncé au mois de juillet qu’il se retirait de la recherche VIH. Dans le même temps, les groupes d’activistes sont de plus en plus forts et représentatifs des populations touchées à travers le monde.

Quatre enjeux majeurs nous ont particulièrement occupés :
 Bernard Hirschel qui continue à faire la promotion de la charge virale indétectable comme outil de prévention, alors que son étude n’est pas à même de le prouver ;
 Les sessions sur les patents pools, nous ont permis de communiquer sur l’urgence d’émettre des licences obligatoires dans de nombreux pays ;
 La criminalisation de la transmission du VIH a été largement abordée, et avec une réelle ampleur, et qui nous a poussé à lancée la pétition internationale que nous présentons en page 14 et que nous vous invitons à signer massivement ;
 L’absence de représentantEs politiques françaisES, signe du mépris de notre pays pour ce dossier, a naturellement induit notre campagne « où est la France/honte à la France »
, amorcée sur place par une campagne d’affichage « Portée disparue » : Roselyne Bachelot Narquin, ministre de la santé française, vue pour la dernière fois à une compétition de bowling à Pékin.

A peine sommes nous rentréEs de Mexico que nous avons été littéralement harceléEs par les différents ministères afin de rencontrer Roselyne Bachelot-Narquin, Rama Yade, Michèle Alliot-Marie... Que se passe-t-il ? Pourquoi une telle effervescence ? Nicolas Sarkozy et ses ministres pensent peut-être nous faire plier avec ce changement de tactique, où le mépris
est remplacé par le compassionnel ; ils voudraient nous expliquer que la politique du gouvernement n’est pas celle que l’on croit. Mais pour qui nous prend-on ?

Car dans le même temps nous sommes attaquéEs de toutes parts :
Le fichier Edvige est une honte. Michèle Alliot-Marie nous a invitéEs à une concertation, que nous avons refusée, parce que nous n’avons pas à écouter une ministre qui va nous expliquer que ficher les séropositifVEs et les homosexuelLEs est un progrès pour l’intérêt général.

Le démantèlement de la Sécurité sociale qui passe par les franchises médicales met en danger de plus en plus de malades déjà en grande précarité. Et il est question de la remise en cause du 100% pour les ALD.

Nous ne laisserons pas faire.

Le tapis rouge déroulé par Nicolas Sarkozy pour recevoir Benoit XVI n’était pas acceptable. Il n’était pas possible que nous laissions faire sans réagir.

En juillet dernier au Japon, Nicolas Sarkozy a réaffirmé les engagements du G8 pour l’accès universel aux traitements anti-VIH d’ici 2010. Ces objectifs ne pourront être atteints que si la France revoit à la hausse son Aide publique au développement et augmente sa contribution au Fonds Mondial.

L’arrogance de ce gouvernement est honteuse, insupportable, nous ne voulons pas de cette politique liberticide et dangereuse, nous ne voulons pas du démantèlement du système de soins, nous ne supportons plus leur hypocrisie et leurs mensonges. Et nous ne lâcherons rien.