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Edito

vendredi 1er avril 2011, par Pierre Chappard

Rien que des mots, rien que des vies

2011, en France, le sida, c’est notamment :

 200 000 séropositifVEs au VIH (dont 50 000 porteurSEs sans le savoir) ;
 7 000 nouvelles infections chaque année, dont 38 % de femmes ;
 35% des séropos qui ont aussi une hépatite C. Et seulement 25% de
ces co-infectéEs qui répondent aux traitements actuellement disponibles contre l’hépatite - le VHC étant ainsi la première cause de mortalité
chez les séropositifVEs  ;
 1 pédé sur 5 séropositif  ;
 Un nombre de personnes infectées par des infections sexuellement transmissibles en constante augmentation  ;
 Plus de 50 % des séropositifVEs qui vivent sous le seuil de pauvreté - en majorité des femmes. Et 22 % qui ne disposent pas de logement ;
28 000 malades atteintEs de pathologies graves qui risqueront la mort (0,8 % des étrangèrEs résidant en France en situation régulière), en étant expulséEs vers leur pays d’origine si le droit au séjour pour soins est modifié (voir p.2).

2011, en France, c’est notamment :

L’application de la loi Hôpital Patient Santé Territoire, dont la volonté
affichée est une meilleure prise en compte des spécificités sanitaires
de chaque territoire. Mais, dans les vies des malades, c’est concrètement le démantèlement de leurs services hospitaliers (en Ile-de-France,
l’AP-HP n’y échappe pas, malgré les pressions des usagerEs et des associations) ;

Les Agences Régionales de Santé (ARS) sur qui l’État se défausse, mais qui n’ont pas les moyens nécesssaires et renvoient vers l’envoyeur (Claude Evin, directeur de l’ARS en Ile-de-France, n’a que son impuissance comme réponse à nos sollicitations) ;

Toujours le forfait à 1 euro, les franchises médicales, des déremboursements.

Encore une recherche privée guidée par le profit, un manque criant de femmes dans les essais cliniques ;

Maintenant, l’Aide Médicale d’État démantelée, et un projet de pénalisation des clients de travailleurSEs du sexe ;

L’annonce de baisses de subventions aux associations de lutte contre
le sida
(jusqu’à 14 %) de la part du ministère de la Santé ;

L’homophobie du gouvernement. A l’instar de Nora Berra, secrétaire d’Etat à la santé, qui, lors du débat sur la loi de bioéthique au Sénat
le 30 mars, affirme, pour légitimer l’exclusion des pédés du don
d’organes, que «  l’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH  ».

«  2011, année des patients et de leurs droits  » , c’est l’opération de communication du ministère de la Santé, qui prétend :
«  La défense des droits des patients, le respect de la dignité de la personne malade, la promotion de la place des usagers au sens large sont des valeurs fondamentales de notre système de santé. Des efforts doivent être menés pour rendre ces droits plus lisibles et accessibles à chacun.  »

Quand on vit tout cela, quand on le lit, qu’on le déchiffre, la peur, le dégoût et la révolte sont là.

2011, en France : des mots, des vies, des mortEs.