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Protocoles 70

en bref

mercredi 21 mars 2012

produits de comblement du visage + soins dentaires = prudence

Les produits de comblement utilisés pour pallier la perte de graisse sous-cutanée du visage et certains soins dentaires peuvent entrer en interactions. Une étude canadienne appelle à la prudence les personnes vivant avec le VIH et les dentistes. Les produits actuellement utilisés sont : Eutrophil (acide polyacrylamide), Bio-Alcamid (gel poly-alkyl-imide), NewFill (acide L-polylactique) seul produit à être remboursé, Radiesse (hydroxyapatite de calcium) et l’acide hyaluronique. Injectés en sous cutanée, certains de ces produits sont peu à peu absorbés par l’organisme, et de nouveaux implants deviennent nécessaires, d’autres peuvent provoquer des inflammations ou des infections. L’équipe canadienne a réalisé plusieurs études sur les produits de comblement du visage. Il en résulte qu’après une période moyenne de trois ans, environ 25% des participants ayant reçu des implants de Bio-Alcamid étaient touchés par des problèmes d’infections (inflammations, bosses ou nodules). Or tous les participants présentant des infections confirmées avaient subi des interventions dentaires (actes simples comme opérations plus invasives). Il est possible que ces interventions aient endommagé ou contaminé les implants par des bactéries causant alors ces infections. Il est donc conseillé aux dentistes qui soignent des personnes séropositives ayant des implants de Bio-Alcamid à administrer à ces derniers un antibiotique à large spectre une heure avant les interventions dentaires, y compris pour les nettoyages de routine. De plus, pour ces mêmes personnes, il est déconseillé de réaliser des injections dans les gencives supérieures allant vers les joues au risque de perforer les implants et de causer une infection. Enfin, l’exposition des joues aux rayons X de faible intensité (utilisés par les dentistes) n’aurait pas d’effet sur le Bio-Alcamid. Il n’est pas inutile de prendre en compte ces précautions pour l’ensemble des implants faciaux avant de subir des soins dentaires de tout ordre.


confidentialité et prise en charge de qualité

5 ans après la sortie de La relation médecins-malades : information et mensonge de Sylvie Fainzang, une enquête française indique qu’il existe un lien entre la confidentialité et la qualité des soins. 54,4% des personnes interrogées indiquent taire des informations à leurs soignants, en cas de maladie sensible. Au moment où certains parlementaires reparlent de la carte vitale biométrique, les résultats de cette étude devraient les faire réfléchir. L’étude réalisée en ligne en septembre dernier a porté sur les réponses de 1002 personnes (sur 1500 sollicitées) à une trentaine de questions posées. L’objectif était de comprendre si et comment les considérations sur la vie privée ont un impact sur les décisions en matière de santé et de soins. La confiance en son soignant affecte les informations qui lui sont données, informations pourtant importantes pour le diagnostic et les soins. Ainsi 22% des participants décaleraient dans le temps leur prise en charge par crainte de non respect de la confidentialité, 32,3%, indiquent qu’ils chercheraient des soins en dehors de leur zone habituelle ; et parmi ceux-ci 40,1% seraient prêts à parcourir plus de 50 kilomètres pour éviter d’être soignés dans un établissement dont ils douteraient de la protection de leurs données de santé. Cependant 67% des personnes déclarent être confiantes dans la protection de leurs dossiers médicaux et de leur vie privée et 92,7% ont noté que les dossiers médicaux numériques possèdent des apports majeurs, comme la facilité d’accès au dossier (pour 78,7%), la mise à jour du dossier (pour 75,7%), la facilité d’échanges entre professionnels de santé pour améliorer le traitement de la personne (65,9%), et la possibilité que le professionnel de santé puisse empêcher la consultation du dossier d’un patient en l’absence de consentement de celui-ci (22,9%). Les réponses indiquent cependant une grande vigilance quant aux risques de divulgation d’information personnelle.


fractures avec ou sans antirétroviraux  ?

Des études contradictoires viennent d’être publiées concernant les risques de fractures des personnes sous multithérapie. L’infection chronique par le VIH est associée à un risque d’ostéonécrose et d’ostéoporose. La diminution de la densité minérale osseuse des personnes vivant avec le VIH naïves de traitement serait de 2% à 6% lors de la première année d’exposition. Mais la conséquence en termes de risque de fracture ne fait pas l’unanimité.

La première étude indique que les antirétroviraux diminueraient le risque de fracture. A partir de la base de donnée de Collegeville (Pennsylvanie), l’équipe de chercheurs a étudié sur une période de 11,2 ans, 2.477 cas de fractures, comparés à 4 cas contrôles pour chaque. Les principaux facteurs de risques ont été : le fait d’avoir eu une fracture antérieure, de pratiquer peu d’activité physique, d’avoir une consommation excessive d’alcool, un faible poids, une co-infection par le VHC ou une infection avancée par le VIH. En revanche, la prise d’antirétroviraux a été associée à un risque de fracture diminué d’environ 35%, mais les résultats diffèrent selon les antirétroviraux. Les analogues nucléosidiques et non-nucléosidiques réduisent significativement le risque de fracture mais l’augmentent dans le temps. Les inhibiteurs de protéase n’ont pas d’effet au début mais réduisent légèrement le risque après 18 mois de prise. L’inhibiteur de fusion n’a aucun effet détecté.

En affinant les recherches par molécule, les chercheurs ont détecté une augmentation du risque de fracture avec : le darunavir (Prezista®) et le saquinavir (Invirase®)  ; une réduction avec l’éfavirenz (Sustiva®), l’emtricitabine (Emtriva®), la lamivudine (Epivir®), le ténofovir (Viread®) et la zidovudine (Retrovir®). Certains représentent un risque en début d’utilisation, puis une protection dans la durée : la névirapine (Viramune®), l’abacavir (Ziagen®), la didanosine (Videx®), le nelfinavir (Viracept®), le ritonavir (Norvir®) et la stavudine (Zerit®). Aucun risque n’a été associé aux autres antirétroviraux.

Une autre équipe de chercheurs de Dallas a montré que l’exposition au ténofovir et au lopinavir/ritonavir était indépendamment associée à une augmentation du risque de fractures du poignet, vertébrale ou de la hanche.
Une étude contradictoire, menée par des chercheurs de Copenhague, indique au contraire que le risque de fracture est accru sous traitement antirétroviral. En comparant le risque de fractures de 5.306 personnes vivant avec le VIH, naïves ou non de traitement (16% étaient co-infectées VIH-VHC), à celui d’une cohorte contrôle de la population générale de 26.350 personnes, entre 1995 et 2009, les chercheurs ont conclu que le premier groupe présente un risque de fracture accentué (806 fractures) par rapport au second (3.312 fractures). Le risque est moindre chez les personnes mono-infectées par le VIH que chez celles co-infectées VIH-VHC. Ce dernier groupe présentait un risque accru de fractures de forte énergie, habituellement causées par un choc ou un traumatisme et ayant peu de chances d’être liées à l’ostéoporose. L’augmentation du risque de fracture des personnes sous traitement n’a pas été associée au nombre de CD4, au stade sida, à la prise de ténofovir (Truvada®) ou d’éfavirenz (Sustiva®), mais à l’âge, aux co-morbidités et au tabagisme.


effets indésirables non reconnus aux urgences

Une étude transversale et prospective menée à l’hôpital de Nantes, conclut que les médecins urgentistes n’identifient pas correctement les effets indésirables des traitements.

L’analyse a porté sur les personnes se présentant aux urgences de l’hôpital durant la période allant du 1er octobre 2007 au 31 mars 2008. 95 personnes ont été identifiées comme ayant un effet indésirable médicamenteux, soit 22,5% des 423 personnes correspondant aux critères d’éligibilité vues aux urgences, avec une moyenne de 1,3 médicament impliqué. Dans seulement 34,7% des cas, le diagnostic a été correctement posé.

Parmi les 95 cas d’effets indésirables associés à un médicament, ce dernier a été jugé comme étant le seul responsable pour 28 personnes, mais les médecins urgentistes ont identifié une cause médicamenteuse dans seulement 16 cas (57,1%). Dans les 67 autres cas, l’effet du médicament était combiné à celui d’autres cofacteurs de morbidité, le taux de reconnaissance des médecins était alors encore plus faible, 17 personnes (25,4%).

Une hospitalisation a été nécessaire pour 3/4 de ces personnes, pour des effets indésirables liés à la prise de traitements pour le système cardiovasculaire (36,2%), pour le système nerveux central (17,3%) et pour le tractus digestif et le métabolisme (11%).

Ces résultats confirment la mauvaise reconnaissance des effets indésirables médicamenteux aux urgences, en particulier dans des situations pathologiques multifactorielles.