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Edito

vendredi 1er octobre 2010

Le 5 octobre 2010, Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports, a lancé l’opération « 2011, année des patients et de leurs droits ». L’argumentaire avancé est la défense des droits des patients, la garantie d’une « prise en charge respectueuse de leur singularité », une meilleure considération des nouvelles attentes des citoyens vis-à-vis de leur santé.

Pour cela, Roselyne Bachelot-Narquin a donc souhaité privilégier trois axes de réflexion et d’action : faire vivre les droits des patients ; la bientraitance à l’hôpital ; les nouvelles attentes du citoyen, acteur de santé.

Comment réagir face à une telle hypocrisie, alors que juste un mois après, la même Ministre défendait à l’Assemblée nationale, deux amendements visant à faire payer aux sans-papiers précaires leur couverture maladie jusque là gratuite, l’Aide Médicale d’Etat (AME), et à réduire le panier de soins de l’AME ? Comment réagir quand le parti de notre Ministre démantèle la Sécurité sociale avec l’instauration du forfait à un euro et des franchises médicales, l’augmentation constante du forfait hospitalier, le déremboursement systématique des médicaments et des soins ? Comment réagir quand la Ministre de la Santé et des Sport participe activement à la destruction du système de soins : fermeture de lits d’hôpitaux, de services VIH, d’hôpitaux de proximité, de maternités, de centres IVG, etc. ?

Depuis 2007, l’hôpital public est attaqué tant dans son fonctionnement que dans ses missions de service public et de proximité. Les lois « hôpital 2007 et 2012 », l’application de , le découpage de l’hôpital en pôle d’activité, la loi Bachelot ont mis, en très peu de temps, l’ensemble des CHU et des Hôpitaux généraux en faillite. Le gouvernement continue d’accentuer les dégâts en réduisant l’offre de soins hospitalière sur tout le territoire et du même coup la qualité des soins proposés aux usagerEs. La gestion comptable des hôpitaux accélère ces dysfonctionnements par des suppressions de postes et des regroupements de services quand ce ne sont pas des fermetures. Ces décisions sont prises sans concertation, sans tenir compte des conditions de travail du personnel et de la qualité de suivi à laquelle ont droit les usagerEs.

De plus, par les mesures proposées à l’Assemblée nationale, madame Bachelot-Narquin fait clairement la distinction entre les citoyens de notre pays. En ce sens, elle fait le choix de l’extrême-droite contre celui de la santé publique. Les dernières propositions présentées dans le cadre du vote de la loi de finance vont avoir un impact désastreux sur la santé des sans-papiers, qui vont attendre d’être atteints par de graves problèmes pour faire la dépense du droit d’entrée à l’AME proposé de 30 euros et ainsi pouvoir accéder au système de santé. Le dépistage de pathologies graves comme l’infection à VIH, à VHC, la tuberculose de plus en plus souvent résistante, sera retardé, les efforts de prévention anéantis. Une prise en charge précoce sera impossible, les sans papiers mourront plus vite. Roselyne Bachelot-Narquin sacrifie la santé des personnes, mais aussi la santé publique.

Roselyne Bachelot-Narquin sacrifie la santé de populations entières à l’idéologie xénophobe des pires réactionnaires de son parti. Elle renie le travail et l’expertise des associations, elle méprise les malades, elle ignore les protestations des médecins généralistes. Ministre de l’impôt sur la maladie, ministre du démantèlement de la Sécu et des hôpitaux, ministre de la précarisation des handicapées, et aujourd’hui, ministre de la Préférence nationale, celle qui préfère aller aux Jeux Olympiques qu’à une conférence sur le sida aura été une ennemie implacable des malades, celle qui leur aura fait perdre le plus de droits. Elle mérite toute notre colère.

Avec Act Up-Paris, exigez de la ministre qu’elle fasse machine arrière. Bachelot-Narquin doit comprendre que si elle s’entête à sacrifier la santé des sans-papiers, elle signe la fin de sa carrière politique. Rendez-vous sur notre site où nous présentons une procédure pour protester contre ces mesures.