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Les coulisses d’un vote européen

mardi 24 décembre 2002

Contrairement aux positions de son parti, la députée européenne Dagmar Roth-Behrendt a décidé de voter contre les malades en privilégiant l’industrie pharmaceutique.

Depuis un an et demi, le projet de réforme européenne de la santé est l’objet de toutes les luttes d’influence : la directive prévoyait de mettre entre parenthèses les intérêts des malades pour privilégier le dynamisme du secteur pharmaceutique européen. Le Collectif Europe et Médicament, dont Act Up-Paris est mem-bre, a proposé aux députés européens plus de 85 amendements, déposés par plusieurs euro-députés. Dagmar Roth-Behrendt, députée allemande et porte-parole du PSE [1], contrairement aux positions de son parti, s’est prononcée contre les amendements que plus de 60 organisations, indépendantes de l’industrie pharmaceutique, ont élaborés. Le 2 octobre, trois militants d’Act Up-Paris lui ont manifesté leur colère devant la CSEP des Consommateurs, à la sortie du vote en 1ère lecture. À l’intérieur même du Parlement européen à Bruxelles, devant les pancartes la mettant en cause, la députée s’est d’abord esclaffée, cynique, puis s’est éloignée. Françoise Grossetête, élue française du Parti Populaire Européen, de droite, rapporteuse pour la Directive et favorisant très largement l’industrie pharmaceutique dans son rapport, a pris la défense de son adversaire politique traditionnelle, qualifiant d’indécentes et d’incorrectes nos protestations. Le comble, quand on pense aux implications catastrophiques de ses recommandations.

« Malentendu »

Un peu plus tard, Dagmar Roth-Behrendt revient nous voir, inquiète de la mauvaise presse que lui ferait une arrestation de malades du sida venus l’interpeller en plein Parlement européen. Rendez-vous est alors pris pour la semaine suivante ; l’hypocrisie de la députée donne alors sa pleine mesure : c’est un malentendu. Des explications et plusieurs semaines plus tard, l’idée d’affirmer le droit à recourir à l’accès précoce aux nouveaux médicaments pour sauver les malades en situation d’urgence thérapeutique lui semble assez légitime. Dommage qu’elle n’ait pas daigné nous recevoir plus tôt. Dommage surtout que, après deux votes et des heures de négociation en pure perte, le seul espoir qu’il nous reste de renforcer cette spécificité française réside dans une décision du conseil des ministres de la santé européens, début décembre. Jusqu’à présent, Jean-François Mattéi ne s’est pas montré plus ouvert sur la question.


[1Parti Socialiste Européen