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Franchises médicales, travail du sexe

Najat Vallaud-Belkacem fait le choix du sida et de la précarité

jeudi 10 mai 2012

Interrogée par le mensuel Hétéroclite, notamment sur l’absence d’engagement de François Hollande contre les franchises médicales, et sur la prostitution, sa porte-parole lyonnaise, Najat Vallaud-Belkacem répond en ignorant totalement les impératifs de la lutte contre le sida et la réalité de ce que vivent les personnes vivant avec le VIH. Ces propos confirment nos inquiétudes : pour le PS, l’idéologie et la langue de bois l’emportent sur la réalité pragmatique et le combat contre l’épidémie. Nous ne l’acceptons pas : il faut en finir avec des mesures qui font le jeu de l’épidémie et qui nous précarisent.

Franchises médicales : la langue de bois contre l’intérêt des malades

Sur les franchises médicales, Najat Vallaud-Belkacem botte en touche : « Il faut d’abord mettre en place une enquête nationale sur les questions de santé spécifiques aux personnes LGBT, car il y a un vrai déficit de connaissances en la matière en France. Ensuite, il faut privilégier la prévention à la répression, développer le dépistage du VIH (en particulier auprès des hommes qui ont des relations homosexuelles) et renforcer tous les dispositifs de lutte contre le VIH, en soutenant en particulier les associations locales qui font un travail essentiel. ».

On se demande en quoi l’abolition des franchises médicales devrait attendre que soient prises toutes ces mesures qui n’ont strictement rien à voir avec la nécessité d’abolir des impôts sur l’état de santé. Najat Vallaud-Belkacem peut rendre hommage aux travail des associations, elle doit aussi reconnaître leur expertise1 : les franchises, les forfaits médicaux, ont rompu avec le principe de solidarité qui est au coeur du fonctionnement de la Sécurité sociale. Ces taxes sur notre maladie nous précarisent et nous désignent comme les principaux responsables des déficits publics. En refusant de les abolir, François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et le PS perpétuent la politique de Nicolas Sarkozy. Les malades et les handicapéEs ne l’accepteront pas aux législatives.

Travail du sexe : faire aux putes ce que Laurent Fabius a fait aux hémophiles et transfuséEs

Sur la prostitution, Najat Vallaud-Belkacem répond : « Sur ces questions, le PS est dans une logique abolitionniste car il considère qu’il y a bien plus de personnes exploitées par la prostitution que de personnes qui l’ont choisie. S’agissant de la proposition de loi actuellement en discussion au Parlement qui vise à pénaliser les clients (défendue conjointement par un député UMP et une députée socialiste), il ne s’agira pas simplement d’une énième loi de sanction : on cherchera à accompagner les personnes qui vivent de la prostitution pour les aider à s’en sortir. Mais l’objectif du PS est bien d’abolir ce qu’il considère comme un fléau. »

Evidemment, elle ne pouvait pas se permettre de tenir les propos suivants : « Au milieu des années 80, Laurent Fabius savait que sa décision allait entraîner des contaminations. A cette même période et aux débuts des années 90, les ministres de la santé socialistes qui ont refusé d’autoriser la vente de seringues en pharmacie ou de permettre des programmes d’échange de seringues - mesures évidentes, prises toujours trop tard, par des gouvernement de droite – savaient que des usagErEs de drogues se contamineraient aux virus du sida et des hépatites. Le PS n’a jamais mis en place de campagne de prévention ciblée auprès des gays avant le début des années 90 et savait que cette indifférence allait faire le jeu du sida. Nous avons donc largement contribué à la propagation de l’épidémie chez les transfuséEs, les droguéEs, les pédés. Il nous manquait les putes à notre tableau de chasse.
Aujourd’hui nous savons, car les associations locales qui font un travail essentiel, mais aussi les expertEs du Conseil national du sida l’ont argumenté, que la pénalisation des clients va entraîner des contaminations au VIH. Nous savons pour les mêmes raisons que pour favoriser la lutte contre le sida, il faut donner des droits aux travailleurSEs du sexe et les reconnaître comme des interlocuteurRICEs à part entière. Mais nous refusons de travailler avec les prostituéEs, nous préférons les insulter (« fléau ») ou les traiter avec condescendance, nous agissons volontairement en ignorant les études scientifiques de Suède qui montre le désastre sanitaire qu’a causé une telle mesure, nous préférons nous allier avec des associations catholiques pour faire croire qu’envoyer la police, c’est du féminisme, et imposer notre propre conception d’une sexualité pure et non aliénée. Si au passage, nous provoquons un nouveau scandale sanitaire, peu nous importe : on ne condamne pas les responsables de ces scandales dans ce pays. »

Puisqu’elle ne pouvait pas tenir ces propos, Najat Vallaud-Belkacem a préféré la langue de bois. Le résultat en matière de contaminations sera le même. Elle reconnaît au passage l’alliance objective du PS avec l’UMP sur cette question : le changement pour les putes, avec François Hollande, ce ne sera pas maintenant.

Act Up-Paris exige :

 que le PS s’engage à abolir les franchises médicales, les forfaits à un euro et l’ensemble des taxes sur la maladie, lors de la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale ; qu’il fasse baisser le prix des médicaments, s’en prenne aux actionnaires richissimes de l’industrie pharmaceutique plutôt qu’aux malades, pour faire des économies ; autre moyen de faire des économies : intégrer les sans-papiers dans la CMU, comme l’a indiqué l’IGF ;

 que le PS renonce à pénaliser les clients des prostituéEs, et qu’il abroge les délits de racolage passif et de proxénétisme de soutien ;

 qu’aucune discussion publique sur la prostitution ne se tiennent sans les premiErEs concernéEs : les travailleurSEs du sexe ;

 que le PS reconnaisse ses fautes passées en matière de lutte contre le sida, et en tienne compte pour éviter de nouveaux scandales sanitaires.

Les législatives approchent. Nous avons contribué à la victoire de François Hollande, nous entendons que le PS ne l’oublie pas.