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Copy = Right in NY City

mars 2001

28 février 2001 : Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies, déclare la guerre aux labos. Kofi Annan veut faire “ de l’accès aux traitements une priorité absolue ” et entend devenir le leader du “ combat politique pour l’accès aux médicaments génériques ” !

Au même moment, concluant en beauté la première réunion préparatoire de la session spéciale des Nations Unies sur le VIH/sida, les médias du monde entier entonnent le même chant : le combat de l’Afrique du Sud contre les 39 multinationales de la pharmacie qui l’attaquent en justice est une guerre de libération contre un nouvel “ apartheid sanitaire ” qui oppose le Sud au Nord. La position des industriels est indéfendable, au point que Bush qui leur doit tant de milliards ne peut plus les suivre, au point que l’OMS qui leur était tant dévouée leur demande de retirer leur plainte (pour se rétracter trois jours plus tard, OUF !), au point que le gouvernement allemand, qui aime tant son Boehringer Ingelheim, entonne le même couplet.

Les grands labos ont chaud. Les activistes du monde entier piétinent leur image de marque et l’opinion publique internationale les vomit. Oubliées leurs promesses trompeuses, place aux génériques !

Extrait de l’intervention d’Act Up-Paris à la cession préparatoire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le VIH/sida, le 27 février :

Il ne faut plus rêver, à moins d’être dupes et complices de l’épidémie, que les grands labos vont transformer leur stratégie de dumping destructeur de la concurrence, de prix discounts en période de solde pour des traitements dont le Nord ne veut plus, en une véritable politique de tarification différentielle basée sur des critères autres que le pur clientélisme.

Nous croyons en la nécessité d’une dynamique basée sur la compétition, et comme il est dit dans le rapport de M. le Secrétaire des Nations Unies, qu’il faut “ trouver les moyens pour utiliser vraiment les possibilités des accords sur le commerce pour accroître l’accès aux traitements ”. Mais alors, il faut être logique : il n’y a pas aujourd’hui, dans le monde, une seule copie générique de l’efavirenz, de l’amprenavir, du saquinavir, de ces traitements cruciaux pour la survie des malades.

Pas de copie, pas de concurrence, donc pas de compétition, et des prix qui ne baisseront pas de façon probante.

Qu’allons-nous faire ? Attendre que d’autres pays que le Brésil, aujourd’hui en procès devant l’OMC, ou l’Afrique du Sud, attaquée par 39 multinationales, aient les ressources et suffisamment de courage politique pour revendiquer la remise en question des règles en faveur du profit des grands laboratoires privés qui sous-tendent les accords internationaux sur la propriété intellectuelle ?

Et demain, quand d’autres traitements apparaîtront sur le marché, croyez-vous réellement que la politique de discount de ces laboratoires les rendra accessibles au plus grand nombre ?

Nous avons besoin d’engagements - ici, dans ce forum des Nations Unies - qui permettent la copie systématique et à grande échelle de tous les traitements indispensables à la survie des malades, et libèrent ainsi les pays qui s’engagent dans la lutte contre l’épidémie du coût politique exorbitant de la licence obligatoire.

Nous demandons aux Etats Membres et aux Agences des Nations Unies de remettre radicalement en question la lettre même des accords TRIPS. ”

 Appelé à la rescousse par la délégation américaine, M. Sturchio du laboratoire Merck demande immédiatement la parole. Dommage, il n’a rien à proposer.

Une semaine plus tard

Merck annonce la baisse des prix de 40 et 50 % de ses deux antirétroviraux, indinavir et efavirenz. Joli coup médiatique.

Dommage, pourtant, pour le Brésil qui ne pourra pas bénéficier de l’opération : ils n’avaient qu’à pas menacer de produire eux-mêmes ces traitements à prix coûtant. Dommage, encore, pour l’Amérique Latine qui restera sur la touche. Et le bruit commence à courir que tous les pays africains ne seront pas concernés... A quand la liste exhaustive des conditions restrictives de cette offre ?

Il nous faut des génériques.