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Bush annonce 10 milliards pour maintenir le monopole des multinationales pharmaceutiques

jeudi 30 janvier 2003

Qu’on ne s’y trompe pas, l’annonce tonitruante, par G.W. Bush, d’un engagement de 10 milliards de dollars dans la lutte contre le sida sert essentiellement un objectif : revenir sur les engagements pris pour permettre l’accès aux génériques lors de la Conférence de l’OMC à Doha en novembre 2001.

L’apport financier que fait miroiter G.W. Bush s’élèverait à 10 milliards de dollars sur cinq ans, dont 9 seraient octroyés dans le cadre de négociations bilatérales à un nombre de pays limité.

Après le blocage par les États-Unis des négociations à l’OMC sur l’accès aux génériques en décembre dernier, et à quelques jours de la reprise des discussions, cette annonce est une tentative évidente de pression sur les pays en développement qui n’ont pas de capacité de fabrication de médicaments, afin de leur imposer l’achat de produits de marque au prix fort et de limiter par tous les moyens la fabrication et la circulation des produits génériques.

Les récentes annonces de multinationales pharmaceutiques lors du sommet de Davos participent de la même stratégie. Loin d’apporter une réponse globale à l’épidémie de sida, elles n’ont pour objectif que de faire diversion et de balayer la nécessité du recours aux génériques. C’est ainsi qu’il faut lire l’offre "philanthropique" de Pharmacia d’octroyer une licence non-exclusive sur la delavirdine à quelques pays "méritants". Pharmacia, en passe de fusionner avec le géant américain Pfizer, organise ainsi une formidable opération publicitaire sur un produit qu’elle n’a jamais réussi à imposer sur les marchés du Nord, tout en écartant la question des génériques.

Parallèlement, les compagnies pharmaceutiques continuent de mener un lobby effréné sur les gouvernements et les institutions internationales pour bloquer le recours aux génériques.

Les tentatives de manipulation de l’opinion publique de G. W. Bush et des multinationales pharmaceutiques, à quelques jours de la reprise des négociations à l’OMC, ne doivent pourtant pas occulter les véritables enjeux. D’ici 2005, les réglementations internationales sur la propriété intellectuelle seront appliquées dans tous les pays en développement. C’est pourquoi l’OMC doit au plus vite mettre en place un dispositif pour permettre le recours aux génériques.