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Conférence de Washington

Chronique de Washington - lundi militant

mardi 24 juillet 2012

Ce lundi matin, un groupe d’activistes – dont des militants d’Act Up-Paris – a interrompu le discours de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton pour l’interpeler sur l’accord trans-pacifique TPP [1] Partnership Agreement actuellement négocié par les Etats-Unis [2] et dont certaines dispositions menacent directement l’accès à des médicaments génériques à bas prix. Alors que Mme Clinton annonçait ses plans pour augmenter le nombre de personnes sous traitement, les militants ont publiquement dénoncé le double jeu de l’Administration américaine qui continue d’imposer aux Etats un renforcement des dispositions protégeant la propriété intellectuelle et les brevets pharmaceutiques. Ces dispositions menacent la capacité des Etats à produire et/ou importer les médicaments génériques qui permettent de mettre les malades sous traitement.

source : http://www.treatpeopleright.org/

Plus tard dans la matinée, Act Up-Paris ainsi que d’autres associations françaises, ont rencontré l’Ambassadrice chargée de la lutte contre le VIH-sida et les maladies transmissibles, Mireille Guigaz. Nous avons longuement échangé sur la situation du Fonds mondial et sur la réforme du mode de financement qui y est en cours. Nous lui avons également exprimé nos inquiétudes quant aux accords de libre-échange actuellement négociés par la Commission européenne [3] et qui menacent l’accès à des médicaments génériques à bas prix.

A 16h, Act Up-Paris a tenu une conférence de presse en lien avec la déclaration du Président François Hollande et avec la venue demain de la Ministre de la santé Marisol Tourraine. Nous sommes la seule association que Mme Tourraine a reçue depuis le début de son mandat et ce rendez-vous a été décevant à plusieurs égards. Bien que la Ministre se soit engagée à entamer un travail interministériel pour mettre en place des PES (programmes d’échange de seringues) en prison et ait confirmé l’intention du gouvernement de supprimer le ticket d’entrée de 30 euros à l’aide médicale d’Etat (AME), elle n’a pas répondu à un certain nombre de nos inquiétudes, notamment sur :

  • les étrangerEs malades : Nous avons expliqué à la ministre en quoi l’intégration de l’AME dans la CMU nous semblait opportune, en plus du retour à la Loi de 1998 sur le droit au séjour pour soin. Elle s’est dite sensible à nos remarques, mais partagée sur la question d’une intégration de l’AME dans la CMU.
  • Le travail du sexe : la ministre s’est dite « personnellement » en accord avec notre position qui consiste à placer la santé des travailleurSEs du sexe avant un éventuel « projet de société », en l’occurrence le projet abolitionniste porté par la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem. Nous lui avons indiqué qu’il était nécessaire que ce soit la ministre de la santé qui se saisisse de ce dossier, en lien avec la ministre des droits des femmes.
  • Les soins funéraires pour les personnes séropositives : Toujours soumises à un décret interdisant la pratique de soins funéraires sur leurs corps morts, les personnes séropositives attendent avec impatience la signature d’un nouveau décret. Cela devait être signé dès la prise de fonction de la ministre, et elle invoque aujourd’hui des difficultés d’ordre juridique. Sur ce terrain là, Marisol Touraine montre bien que les discriminations dont sont victimes les personnes séropositives ne sont pas sa priorité.
  • Le financement de la lutte contre le sida : La ministre s’est dite sensible à notre plaidoyer en faveur d’un financement plus équilibré de la lutte contre le sida, qui financeraient l’ensemble du spectre, des associations de terrain aux grandes structures nationales de plaidoyer. En revanche, son cabinet nous a fait comprendre la nécessité de « faire avec » une enveloppe budgétaire réduite. Nous lui avons rappelé l’urgence de la situation, au plan national en termes de prévention, et au plan international à travers le financement du Fonds mondial.
    Nous n’avons pas eu le temps de parler des franchises pour soins, mais nous sommes en colère du manque d’initiative de la ministre sur ce sujet. Nous demandons la suppression de ces taxes sur les malades, et rappelons au gouvernement l’importance de faire baisser les prix des médicaments.

A 17h, nous avons assisté à un rendez-vous inter-associatif avec M. Mark Edington, directeur des programmes nationaux du Fonds mondial. Ont été évoqués les difficultés rencontrées au Mali, au Burundi, au Marco et en RDC, notamment les problèmes de décaissement plaçant les acteurs de terrain dans des situations extrêmement difficiles, ainsi que les retards dans la remise des rapports de l’Inspecteur général. Nos associations ont interrogé M. Edington pour savoir si l’actuelle réforme du Fonds allait réellement résoudre ce type de difficultés. Celui-ci nous a affirmé que les problèmes étaient en cours de régularisation pays par pays et qu’il allait, à son retour à Genève, se pencher sur les situations évoquées. Il a également promis d’interroger l’Inspecteur général sur la poursuite de son travail.

Demain, Act Up-Paris participera à la grande manifestation We Can End Aids [4] et marchera dans la branche dénonçant les profits de l’industrie pharmaceutique.


[1Trans-Pacific Strategic Economic

[2L’accord est pour l’instant négocié avec l’Australie, la Malaisie, le Pérou et le Vietnam mais a pour vocation d’intégrer également l’ensemble des pays d’Asie pacifique

[3La Commission européenne négocie actuellement des accords de libre échange (ALE) avec plusieurs pays dont l’Inde (qui est le premier producteur de médicaments génériques aux monde)

[4Grande manifestation organisée par la campagne We Can End Aids dont les cinq branches (profits pharmaceutiques, droits humains, financements, services aux malades et taxe financière) se rejoindront devant la Maison Blanche pour une action symbolique