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« Forums de rue » pour un nouveau « tous ensemble »

mercredi 1er mai 2002

Ce texte rédigé à l’initiative de l’Union Syndicale G10 Solidaires a été signé par Act Up-Paris, Attac, DAL, Droits Devant, AC, Ras le Front, Inter-LGBT, G10-Solidaires, Snpes-Pjj/Fsu, CGT Finances, Collectif national droits des femmes, Cadac...

Le score électoral du premier tour de l’élection présidentielle constitue un séisme politique. La montée de l’extrême droite, seule en lice face au Président sortant constitue une avancée des idées racistes, sexistes, de la xénophobie, de l’hétérosexualité comme norme obligatoire. Elle conforte les thèses ultra libérales, elle représente enfin un péril pour la démocratie, remettant en cause les droits conquis par les salariés, les femmes, les immigrés, les mouvements sociaux. Un tel résultat sanctionne lourdement les gouvernements qui ont depuis vingt cinq ans accompagné la mise en place du néolibéralisme.

Dans l’immédiat, il est décisif de réduire au maximum le poids électoral
de l’extrême droite. Au-delà, cette situation appelle réactions, résistances, construction d’un vaste mouvement pour en analyser les causes et surtout, reconstruire une perspective.

Nous avons besoin de débattre le plus largement possible. Ce processus de résistance s’est mis en marche au soir même du premier tour ; manifestations de jeunes, débats spontanés dans la rue ont exprimé la volonté largement partagée de ne pas subir, de réagir, de se réapproprier l’initiative politique.

Avec tous les mouvements sociaux, élargir et renforcer ce processus de
résistance. Dans ce cadre, les mouvements sociaux dans leur diversité ont une responsabilité particulière. Faire échec à l’extrême droite, reconstruire une perspective démocratique passe d’abord par la prise en compte des situations sociales, des inégalités, du vécu de celles et ceux qui ont subi l’impact de la mondialisation libérale, de celles et ceux qui ont subi et affronté les répressions sans oublier les oppressions séculaires patriarcales. C’est aussi le rejet des politiques patronales et gouvernementales qui ont accompagné cette mondialisation, le refus des exclusions qu’elles ont provoquées dans toute la société en commençant par l’école.

C’est pourquoi, afin de se réapproprier l’espace public, les organisations signataires de ce texte appellent à la tenue de rencontres, de débats et de mobilisations afin d’occuper largement et durablement l’espace public, de délégitimer l’extrême droite, de s’approprier un terrain solidaire et démocratique, de construire des alternatives aux politiques libérales et social-libérales.

Casser les dynamiques de haine, de peur et de discriminations, préparer et organiser nos luttes, réhabiliter l’espoir. Il s’agit d’organiser sans perdre de temps ces points de rencontre permanents, en multipliant ces "Forums de rue" autour des locaux associatifs, des cafés citoyens et politiques, des bourses du travail, des mairies, en multipliant ces mobilisations, ces lieux de parole, de responsabilité et d’initiative.

En conjuguant nos voix, en discutant toutes et tous ensemble et non chacun dans son coin, sa structure, nous pouvons faire reculer la peur, donner corps aux propositions dont nous sommes porteurs dans notre diversité dans les domaines économiques, sociaux, politiques, écologiques. Nous pouvons nous faire entendre, peser sur le
rapport des forces, sur les enjeux économiques et sociaux à venir,
préparer, tous ensemble, l’avenir que nous voulons. Et ce, d’autant plus
que la droite annonce déjà des attaques en règle contre les retraites et
contre les services publics.

Ce mouvement peut se construire en un nouveau "tous ensemble". Ces mobilisations unitaires vont se développer dans les jours et les
semaines qui viennent. Les défilés du 1er mai constituent d’évidence un
point fort de convergence et de visibilité, tant en province qu’en région parisienne. De la même façon, nous appelons à faire du 8 mai prochain une journée particulière de rencontres et d’intervention, de résistance et de débats dans la France entière.

Toutes et tous ensemble, jeunes, salariés, précaires,"sans", exclus,
handicapés, immigrés, militants en lutte contre les effets de la mondialisation libérale, minorités sexuelles, nous pouvons battre Le Pen dans les idées, dans les urnes et dans la rue.

Nous pouvons construire les fondations d’une authentique alternative
et imposer nos propres valeurs. Un autre monde est possible, plus juste, durable, solidaire : par nos mobilisations, il s’agit maintenant de le construire.

Ce texte constitue une première démarche commune de nos organisations. Elle est bien sur ouverte à toutes les organisations syndicales et associatives intéressées par cette dynamique, au plan local comme au plan national.