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Grippe A

Quand Kafka applique le principe de précaution

mardi 1er septembre 2009

L’expérience d’une militante d’Act Up-Paris. prouve la désorganisation du dépistage du H1N1 et l’absence d’intérêt porté à l’impact de la grippe A sur les séropositifVEs

De retour d’une conférence internationale sur le sida qui se tenait en Afrique du Sud, C., militante d’Act Up-Paris, a développé des symptômes grippaux. Comme une autre militante qui avait voyagé avec elle, venait d’être diagnostiquée grippée au virus H1N1 sur la base d’un examen clinique, C. a consulté un médecin, qui, outre des médicaments, lui a prescrit l’usage d’un masque chirurgical et un dépistage en laboratoire. Ce dépistage était indispensable, non seulement pour elle, mais aussi parce que côtoyant de nombreuses personnes immunodéprimées, il était nécessaire de les avertir du risque éventuel d’avoir été infectées. Ce dernier fait était mentionné par le médecin dans sa prescription.

Parcours du/de la combattantE

En 48 heures, C. a dû solliciter une pharmacie, 6 laboratoires d’analyse, 4 services hospitaliers parisiens, une polyclinique, le SAMU, la cellule de crise du Ministère des Affaires Etrangères et la plateforme Infogrippe. Personne n’a été capable de lui fournir le dépistage et les masques pourtant prescrits par un médecin, ni de lui indiquer de façon fiable où en trouver. Les réponses faites témoignent d’une méconnaissance et d’interprétations contradictoires des recommandations officielles.

Ce parcours du combattant aura contraint C. à faire de nombreuses démarches, alors qu’elle développait de forts symptômes grippaux. Parce que personne ne s’est avéré capable de l’informer, elle a été contrainte de se rendre, pour rien, dans certains services hospitaliers, ce qui, en termes de santé individuelle comme de santé publique, est une aberration.

Les séropos négligéEs

Le système mis en place n’est pas prêt à protéger les personnes les plus vulnérables. A plusieurs reprises, C. a rappelé à ses interlocuteurRICes qu’elle avait côtoyé les jours précédents des personnes séropositives, immuno-déprimées. A aucun moment, cet argument n’a incité ces professionnelLEs à recourir à un test de dépistage, pour lever le doute sur les risques que couraient les personnes que C. avait rencontrées.

Au contraire, et même en sachant tout cela, on lui a indiqué qu’elle ne pourrait faire le test qu’en cas de maintien de symptômes graves, et qu’il en serait de même pour les personnes immuno-déprimées. Une fois de plus, les personnes vivant avec le VIH, pourtant parmi les plus vulnérables, sont totalement négligées par les pouvoirs publics.

De plus, cette recommandation montre clairement que la politique actuelle n’est pas une politique de prévention, mais une politique de gestion de crise dans un cadre de pénurie des moyens – puisque le seul motif de refus des tests est leur nombre limité. Or l’épidémie ne s’est pas déclenchée massivement en France. Limiter l’accès au dépistage aux seuls cas cliniques graves, notamment pour les personnes immuno-déprimées et celles qui les ont côtoyées, c’est se priver d’un outil qui permette à la fois de mieux prendre en charge les personnes fragiles face à la grippe A, de prévenir l’expansion de l’épidémie et d’éviter la panique en permettant un diagnostic fiable.