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sida is disco

mercredi 1er septembre 2010

Chaque mercredi une poignée de militantEs d’Act Up tient une pemanence des droits sociaux (PDS) et accueille les personnes embourbées dans des situations aberrantes. Cette rubrique a pour but de présenter un florilège de ces cas et des actions menées.

Christian s’est éteint le 22 juillet, il est mort du sida. Fred, militant d’Act Up-Paris a perdu son compagnon de vie depuis 18 ans. Il ne pourra pas conserver ses cendres, la loi s’y oppose. L’inégalité entre les couples homos et hétéros sanctionne les LGBT jusque dans la mort et le deuil. Fred a été évincé de l’organisation des funérailles par la mère de son compagnon, qui a récupéré l’urne, au mépris des volontés de Christian, Fred en étant le seul réel dépositaire. La volonté de Christian était que ses cendres soient mélangées à celles de son compagnon, lorsque celui-ci disparaîtra à son tour. La loi française bafoue ses dernières volontés et permet que l’histoire de Christian et Fred soit gommée, niée, jetée aux oubliettes.

Fred et Christian vivaient en union libre, ce statut flou que l’Etat utilise à dessein lorsqu’il s’agit de réduire des minima sociaux, et qu’il ignore lorsqu’il est question d’octroyer des droits, de reconnaître nos amours, nos amantEs et nos vies. L’égalité des droits pour touTEs, quelle que soit la forme de l’union, n’est pas un caprice, c’est une urgence.

Depuis la loi du 19 décembre 2008, les cendres humaines sont des « restes mortels », elles ont désormais un statut juridique, ce que les partenaires d’union libre (et de PaCS) n’ont toujours pas. Pour preuve le cas de Thomas qui a perdu son compagnon, ils étaient pacsés depuis plus d’un an. Selon les dernières volontés du décédé, Thomas aurait dû se voir remettre l’urne funéraire. Dans l’attente d’un procès qui oppose le jeune homme à la famille du défunt, l’urne est consignée au crématorium. Le Pacs ne l’autorise pas à les récupérer.

Entre un couple de même sexe qui n’a pas d’autre choix que le Pacs et un couple hétérosexuel qui bénéficie aussi du mariage, l’inégalité est manifeste jusque dans la mort. Aujourd’hui, le partage des cendres est interdit, ainsi que la conservation durable de l’urne au domicile d’un particulier, ce afin d’« éviter les abus ». Pourtant, partager « à l’amiable » les cendres d’unE défuntE constituait une alternative en cas de conflits familiaux.

La même loi dispose que « le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». Les survivantEs, en revanche, n’ont droit ni au respect, ni à la dignité, ni à la décence. Sans testament préalable, sans acte notarial, le/la conjointE en union libre est ignoréE, et en l’espèce les volontés du/de la défuntE également. Même mortes, nos amours sont niées. Même en cendres, nous restons des citoyenNEs de seconde zone, dont les volontés ultimes ne méritent pas d’être respectées.

Nous en avons assez que nos vies, notre citoyenneté, nos cadavres, nos veufVEs soient piétinéEs. Nous ne supportons plus que les pouvoirs publics décortiquent nos vies et hiérarchisent nos amours, ce n’est à l’Etat de décider quel est le bon usage à faire des cendres d’unE être cherE.

C’est pour cette raison que nous avons manifesté le 15 septembre devant le siège de l’UMP afin de dénoncer cette condition de sous-citoyenNEs dans laquelle le parti au pouvoir maintient les homosexuelLEs en s’obstinant à nous bloquer l’accès au mariage et à refuser que le Pacs soit mentionné sur les actes de décès. L’apposition de la mention « PacséE », permettrait pourtant d’éviter, à de nombreuxSES homosexuelLEs pacséEs, un parcours du/de la combattantE intutile et douloureux .