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Edito

mars 2010

Le 16e symposium international sur le VIH et les maladies infectieuses émergentes à eu lieu à Marseille du 24 au 26 mars. Ce fut une conférence de grande qualité et avec haut niveau de savoir. Les 23 sessions qui se sont succédées pendant ces 3 jours ont couvert la quasi-totalité des thématiques d’actualité tant dans le domaine de la prise en charge, que de la recherche clinique ou fondamentale.

Plusieurs présentations ont porté sur le virus de l’hépatite E, peu connu car pas dépisté. L’hépatite E est connue pour sévir dans certains pays en développement, mais elle émerge depuis quelques années dans les pays occidentaux. Cette hépatite a comme caractéristique de pouvoir rester dormante sur une longue période. Elle peut être plus ou moins grave, mais le pronostic est mauvais en cas de maladie chronique du foie. Le VHE est dépisté chez 6% des personnes souffrant d’hépatite aiguë. En cas de co-infection avec le VIH, la maladie devient chronique. Les cas dépisté récemment indique qu’elle touche principalement des hommes, passé la cinquantaine. L’hépatite E serait beaucoup plus fréquente que l’hépatite A et comme elle, l’hépatite E peut être d’origine alimentaire. Mal cuite, une viande de porc peut transmettre ce virus et contaminer la personne. C’est cet animal qui représente très probablement la voie et la source principale de l’épidémie dans les pays industrialisé. Aujourd’hui, le VHE ne fait pas l’objet de dépistage, les cas reste donc peu nombreux, mais dans les années à venir, une épidémie pourrait exploser, et les personnes immunodéprimées, comme d’habitude ont plus de risque de développer une maladie chronique que les séronégatifs.

Autres données intéressantes immédiatement pour les personnes atteintes, les résultats de l’essai Monoï. Dans un symposium satellite consacré au changement de traitement chez les personnes en succès virologique, la discussion a porté sur l’intérêt de capitaliser une classe d’antirétroviraux les analogues non nucléosidiques, inhibiteurs de la transcription inverse (névirapine, efavirenz, étravirine), puis de garder ou pas les inhibiteurs de la protéase, en faisant attention à ne pas compromettre la barrière génétique à la résistance. Nous y reviendrons dans un prochain numéro, mais c’est lors de cette session que le malade est revenu sur le devant de la scène. Oublié derrière les chiffres de résultats d’essai, noyé sous les protocoles de recherche en génétique, ou effacé pour les données récentes du vaccin, il a été l’objet de plusieurs interventions de ce symposium. En résumé, les stratégies à mettre en place pour obtenir de bons résultats sont celles qui seront adaptées au malade. Certes il existe des recommandations, des associations d’antirétroviraux que l’on met en avant, parce que qu’elles ont fait leur preuve sur l’écrasement de la charge virale et la remontée des CD4, mais pour qu’elles fonctionnent au mieux c’est d’abord dans l’intérêt du malade, c’est donc un traitement individualisé qu’il faut viser. Mark Nelson et Christine Katlama ont tenu ce même discours, à la suite, ce qui n’est pas si fréquent.

La présentation de cette dernière portait sur l’intérêt de passer d’une trithérapie à une monothérapie (ce terme est employé aujourd’hui pour désigner une bithérapie comprenant un inhibiteur de protéase ici le darunavir, boosté par du ritonavir). Intérêt indéniable au regard des résultats obtenus par Monoï. En plus de l’avantage économique (économie de 6.000 euros par an), les résultats en termes d’efficacité sont comparables à une trithérapie classique, la tolérance est meilleure tant dans le ressenti des participants que par les résultats des paramètres métaboliques, il n’y a pas plus de résistance et cette stratégie peut préserver l’utilisation d’autres molécules ultérieurement. Autant d’arguments qui ont fait dire à l’oratrice, qu’une monothérapie pouvait tout fait devenir une recommandation de changement de traitement pour des personnes en succès virologique.