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Edito

juillet 1992, par Didier Lestrade

Aujourd’hui, Act Up-Paris a 3 ans. Il y a 3 ans, notre idée était de rassembler des séropositifs et des malades, afin qu’ils puissent, ensemble, faire entendre leur voix. Pendant 3 ans, nous avons exprimé une colère grandissante, parce que nous ne voulions plus subir passivement les choix de quelques médecins, attendre sans broncher que les médias veuillent bien parler du sida, constater sans riposter l’inaction des politiques en matière de prévention. De manifestation en manifestation, de zap en zap, nous avons donné à la lutte contre le sida une visibilité permanente.

Pour mener à bien ce travail, nous avons construit notre association de telle sorte qu’elle puisse réagir immédiatement quand nous étions agressés. Mais il fallait aussi que nous soyons reconnus comme des interlocuteurs indispensables de la lutte contre le sida. C’est pourquoi des commissions se sont créées, afin de rassembler des informations, multiplier les connexions avec toutes les populations touchées par le sida.

Aujourd’hui, Act Up-Paris est le groupe activiste le plus important d’Europe, le deuxième au monde après Act Up-New York. Le nombre croissant de sypathisants qui rejoignent chacune de nos manifestations nous donne un poids supplémentaire : on ne peut plus faire comme si les séropositifs et les malades n’avaient pas droit de cité dans la lutte contre l’épidémie.

Tout n’est pas gagné pour autant. Depuis 3 ans, nous nous obstinons à faire comprendre qu’il y a urgence à s’engager dans la lutte. Aujourd’hui, ce mot est repris un peu partout.

Encore faudrait-il que ce ne soit pas un vain mot, et qu’il soit suivi par des actes. C’est ce à quoi nous devons continuer de travailler. Pour être efficaces, il nous faut être de plus en plus nombreux. Mais il nous faut aussi, comme nous le faisons chaque année, réfléchir sur nos stratégies, envisager quels pourraient être les meilleurs moyens d’action. Bref, Act Up doit faire the right thing. Ensemble, avec les associations de lutte contre le sida et les personnes vivant avec le VIH, nous avons à construire une réelle communauté sida qui puisse imposer des mesures concrètes afin de lutter contre l’épidémie.