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La réduction des risques liés à l’usage de drogue

jeudi 1er décembre 2005

Un dispositif exsangue, en mal de soutien politique, face à de nouveaux enjeux.

« L’absence d’implication des politiques face à des enjeux majeurs de santé publique,
et l’insuffisance de moyens qui en découle, représentent le frein principal aux initiatives innovantes. [...] La France va-t-elle rester encore longtemps le wagon de traîne de la
prévention en Europe ? »

Ce n’est pas Act Up-Paris qui le dit, ce sont Didier Jayle et France Lert, respectivement président et conseillère scientifique de la MILDT. C’était en 1999, trois ans avant leur nomination, dans une tribune qu’il et elle avaient alors cosignée dans Libération. Depuis ? Peu de choses sinon l’institutionnalisation de la réduction des risques (par son inscription dans la Loi de santé publique) et la volonté de pérenniser les structures les plus solides en imposant un cahier des charges (par le dispositif des CAARUD [1]) qui risque d’être hors de portée des plus fragiles.

Quid des « initiatives innovantes » ? Les quelques réelles avancées ont été exclusivement le fait d’associations qui ont dû batailler pour être soutenues, et seulement a posteriori,
par l’État. La création du Strawbag pour les sniffeurSEs et celle du Kit Base pour les fumeurSEs de crack n’a été possible que grâce à des investissements en fonds propres des associations : Argile à Mulhouse pour le premier, EGO à Paris pour le second.

Ces deux outils visent pourtant à lutter contre un risque infectieux majeur, celui de
l’hépatite C. Un virus plus résistant à l’air libre que le VIH, et qui peut être transmis par de plus petites quantités de sang. Pailles, pipes en verre, filtres, cuillères sont donc également des vecteurs de transmission. Entre le début des années 90 et aujourd’hui, les infections VIH liées à l’injection sont passées de 30% à 3% des nouvelles contaminations grâce à
la substitution et à l’échange de seringues. Mais dans
le même temps, le nombre d’ usagèrEs de drogues contaminéEs au VHC a explosé : on parle de 80%
des personnes accueillies dans les centres de soins
spécialisés en toxicomanie. De récentes projections
épidémiologiques sur les malades atteintEs par ce virus trop ignoré annoncent 10 000 mortEs par cirrhose dans les 3 ans. Dans leur immense majorité, ces mortEs à venir seront des usagèrEs ou ex-usagèrEs de drogues.


[1Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues.