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Hôpital la grave : chronique d’une fermeture annoncée

mercredi 1er juin 2005

Début 2004, les syndicalistes de la CGT ont alerté Act Up-Toulouse sur le risque de fermeture de l’hôpital La Grave, suite aux restructurations des services et à la mise en place de la réforme Hôpital 2007. La mobilisation n’a cessé depuis.

La Grave, seul hôpital de proximité au cœur de la ville, représente 160 lits médicalisés de longs séjours pour personnes âgées dépendantes, des consultations de médecine générale, de dermatologie (file active de 400 séropositifVEs), le centre de planification et d’éducation familiale, la médecine sociale et humanitaire, la santé mentale des enfants et adolescentEs, la prise en charge des dépendances et le CDAG (Centre de dépistage anonyme et gratuit).

Fin novembre, le directeur général du CHU Daniel Moinard prévoit de fermer la pharmacie hospitalière aux patientEs externes. Suite à la mobilisation du personnel, des syndicats et des associations regroupés au sein d’un collectif (créé à l’initiative d’Act Up-Toulouse), il revient, dans un premier temps sur sa décision. S’en suit une série d’annonces contradictoires, sur l’avenir de l’hôpital, faites par Philippe Douste-Blazy alors Ministre de la santé, la présidente du Conseil d’administration du CHU Françoise De Veyrinas et Daniel Moinard.

Résultat des courses : la fermeture de la pharmacie hospitalière en matinée est imposée aux usagerEs extérieurEs dés le 10 janvier 2005. Les quelques 400 séropositifVEs qui y sont suiviEs devront aller chercher leur traitement dans une autre pharmacie hospitalière (les hôpitaux de Purpan et Rangueil se trouvent en périphérie de la ville) ou bien revenir l’après midi. La décision a été prise avec le plus grand mépris par la direction malgré la protestation des patientEs, des associations, du personnel hospitalier et des syndicats. De plus, la réduction des horaires de la pharmacie de l’hôpital La Grave a surtout permis de transférer une partie du personnel vers la pharmacie centrale, situé à l’hôpital Paule Viguier, cette dernière n’ayant pas la capacité d’embaucher de nouveLLESaux pharmacienNEs et technicienNEs pour cause de diminution budgétaire provoquée par la mise en place de la tarification à l’activité, si chère à Philippe Douste-Blazy.

Afin de pouvoir décider de l’avenir de l’hôpital, un médiateur a été nommé. Jean-Louis Ségura doit remettre fin mai le compte rendu de son expertise sur le sujet. Il doit, pour cela, rencontrer les différentEs protagonistes concernéEs. Le Collectif de défense de l’hôpital La Grave a présenté au Ministre de la santé et au médiateur un projet médical alternatif pour le maintien de l’hôpital public en centre ville, élaboré avec des médecins de La Grave.

Comme ailleurs, nous constatons la mise en place d’une politique de casse de l’hôpital public et une privatisation grandissante de la santé. Une des conséquences est la programmation de la fermeture de l’hôpital La Grave. Ainsi, toute une stratégie est mise en place pour conforter les arguments qui serviront à sa fermeture. Aucun réaménagement des locaux du pôle périnatalité de La Grave n’a été fait depuis qu’il a été transféré sur l’hôpital Paule de Viguier il y a deux ans. Le transfert du pôle gériatrie en direction d’Ancely est planifié d’ici 2007. Tout est fait d’un côté pour « vider » l’hôpital de toute activité en réduisant l’offre de soins et de l’autre pour décourager les usagerEs de s’y rendre. Il y a surtout une forte volonté pour modifier le paysage hospitalier toulousain sous couvert de la modernisation nécessaire de plateaux techniques : en fait vendre l’hôpital La Grave. « J’y verrais bien un hôtel pour recevoir les personnalités en visite à Toulouse » a ainsi déclaré Philippe Douste-Blazy.

Cette mise en place de pôles techniques a déjà des conséquences négatives sur la qualité des soins délivrés à la population. Le déménagement du pôle périnatalité de La Grave vers l’hôpital Paule de Viguier a été fait sans tenir compte de l’expansion de la ville (plus de 10 000 nouveaux habitantEs chaque année sur Toulouse et sa région). Il en résulte une surcharge de travail importante, avec plus de 4 500 accouchements effectués en 2004 au lieu des 3 600 prévus. Mais la conséquence la plus absurde est le projet à l’étude par les autorités de tutelle (ARH, DDASS) visant à agrandir la capacité d’accueil du secteur de périnatalité public en centre ville, alors que celui de l’hôpital La Grave vient d’en être éloigné.

Autre inquiétude, le devenir du CDAG de la Haute Garonne situé au cœur de l’hôpital La Grave. La mise en place de la politique de décentralisation du gouvernement Raffarin risque d’avoir comme conséquence un désengagement des Conseils généraux de la gestion des CDAG désormais reprise par l’État. Cependant, les Conseils généraux pourront continuer de les gérer, en signant une convention avec l’État. Concernant Toulouse, nous avons demandé aux responsables du Conseil général de la Haute Garonne (des socialistes qui ont pris position pour le maintien de l’hôpital La Grave) d’en conserver la gestion, en signant la convention avec l’État. En cas de refus, l’État en récupèrera la responsabilité et pourra continuer de « vider » l’hôpital La Grave de ses dernières activités : le CDAG sera alors transféré. L’engagement du Conseil général en faveur de l’hôpital La Grave ne pourra être réel que si ces derniers conservent la gestion du CDAG. Tout désengagement sera considéré, par Act Up-Toulouse, comme une trahison.

En juin nous aurons, peut être, des éléments de réponse. Mais, nous demeurons inquietEs sur son devenir. Le maintien de la médecine sociale et de proximité au centre ville semble acquis. Toutefois, compte tenu de la gestion faite en fonction des pôles et du traitement au cas par cas de ces différents services, il n’est pas sûr qu’ils restent à La Grave. Si Philippe Douste-Blazy autorise la dispersion des différents services de l’hôpital La Grave et le transfert de la dermatologie et du CDAG vers l’hôpital Purpan il peut être sûr que nous ferons savoir que sa politique de santé sur la ville de Toulouse est scandaleuse et qu’elle se fait au détriment de la qualité des soins que l’on est en droit d’attendre de l’hôpital public.