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Le déni de Poutine tue. Des génériques maintenant

lundi 16 mai 2005

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Lundi 16 mai au matin, une quinzaine de militants d’Act Up-Paris ont mené une action contre l’ambassade de Russie à Paris pour dénoncer le déni des autorités russes par rapport au sida. Les épidémies de sida et d’hépatites virales explosent en Russie. Pourtant, Vladimir Poutine refuse de financer un accès aux traitements à la hauteur des besoins. Il délègue cette mission aux associations et aux financements internationaux. Il refuse d’imposer une baisse des prix des médicaments en autorisant la production ou l’importation de médicaments génériques.

Une épidémie hors de contrôle

Le rapport annuel d’ONUSIDA faisait état, en décembre 2003, d’un nombre de séropositifVEs compris entre 420 000 et 1 million 420 000. L’épidémie a explosé à partir de la fin des années 90 et début 2000. La Banque mondiale prévoyait en 2004 que, sans changement de politique, et notamment sans un accès élargi aux traitements, la séroprévalence parmi la population russe pourrait atteindre 4,5 % en 2010.

Un accès aux traitement ridicule

À Saint-Petersboug, en 2004, 250 personnes sur 25 000 séropositifs officiellement enregistrés recevaient des traitements de la part de la ville. A Tomsk, en Sibérie, on compte 700 séropositifs et un seul reçoit des traitements. Selon les associations, sur l’ensemble du territoire, 1500 personnes bénéficiaient de traitement en 2004 alors que 140 000 au moins en avaient besoin. Pour les autorités russes, seules 4000 personnes auraient besoin de traitements.

Des génériques, maintenant

Le seul espoir d’élargissement de l’accès aux traitements repose sur les programmes internationaux. L’OMS et la Banque mondiale ont annoncé comme objectif la mise sous traitement de 50 000 personnes d’ici décembre 2005. En 2004, le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose ont débloqué 120 millions de dollars sur cinq ans pour augmenter l’accès aux traitements. Mais le prix d’une thérapie de marque, 12 000 dollars par an et par personne, limite l’impact de ces programmes. La production et/ou l’importation de copies devient donc une priorité. Depuis un an, les autorités russes ne cessent de promettre aux activistes l’enregistrement de médicaments génériques qui permettraient de faire descendre le prix d’une trithérapie à 700 euros par an. L’industrie locale est évidemment très intéressée, et certains labos sur les starting-blocks. Mais la promesse reste lettre morte. Il y a urgence : le programme d’accès aux traitements financé par le Fonds mondial, qui devait se développer cet été sur la base d’une réduction des prix promise par trois laboratoires pharmaceutiques, est aujourd’hui remis en cause. BMS et Boehringer Ingelheim ont en effet annoncé qu’ils ne consentiraient aucune baisse de prix. Merck, de son côté, prétend ne pas pouvoir fournir les traitements demandés avant décembre. Une fois de plus, la logique de profits s’impose aux besoins des malades.

Le déni de Vladimir Poutine doit cesser. Il doit faire de la lutte contre le sida et les hépatites une priorité, et favoriser l’accès aux traitements de toutes les personnes qui en ont besoin. Une mesure prioritaire, parmi tant d’autres, est l’inscription des médicaments génériques auprès des autorités sanitaires du pays, afin de faire baisser le prix des traitements et d’améliorer l’impact des programmes internationaux d’accès aux médicaments.


Un dossier complet sur le sida et les hépatites en Russie est disponible : sida et hépatites : la Russie au bord du gouffre