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Édito

mercredi 11 mars 1998

Le gouvernement a décidé que l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) ne devait pas être revalorisée alors que le mouvement des chômeurs portait cette revendication au travers de sa volonté d’une revalorisation des minimas sociaux.

Les 608 000 malades et handicapés qui perçoivent cette allocation sont donc laissés sans espoir d’un rattrapage de leur pouvoir d’achat.

En 1983, l’AAH représentait 64,4% du SMIC ; au 1/07/97 elle n’en représente plus que 51,5%. D’un montant de 3 470,91 F mensuels, cette allocation est aujourd’hui bien loin de permettre un niveau de vie décent. Cela n’inquiète pas le gouvernement qui compte, pour ne pas répondre à cette revendication, sur la difficulté à mobiliser les personnes malades et handicapées.

Cette difficulté ne tient pas seulement à l’état de santé des personnes concernées, elle tient aussi au morcellement du mouvement associatif et à ses approches différentes, voire opposées, des modes d’action.

Par exemple, 32 associations de personnes malades et handicapées ont signé ensemble début janvier une plate-forme commune pour le relèvement de l’AAH à 80% du SMIC et pour une amélioration très sensible de son fonctionnement. Pour la première fois, des associations aussi diverses que Act Up-Paris, l’association des paralysés de France ou l’UNAPEI ainsi que d’autres ont décidé de se rencontrer et de travailler ensemble.

Ce nombre et cette diversité pouvaient constituer une force réelle mais la coordination de ce mouvement, restant dans des shémas trop traditionnels, n’a pu obtenir aucun résultat, pas même une rencontre avec Martine Aubry, le ministre chargé de la Solidarité nationale. Il est, par exemple, regrettable que hormis Act Up-Paris, aucune de ces associations ne se soit engagée dans le mouvement des chômeurs, porteur d’une des questions qu’elles défendent. On comprend dès lors pourquoi l’AAH a été écartée sans discussion par le gouvernement. Il est pourtant évident que c’est au travers du rapprochement et du rassemblement de toutes les catégories de précaires qu’il sera possible d’imposer des solutions aptes à régler des situations humaines aujourd’hui insupportables. Pour notre part, c’est aussi dans cette perspective que nous continuons à inscrire notre action.