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La société éditrice de Yagg placée en liquidation judiciaire : la fin d’un média engagé dans la lutte contre l’épidémie, sauf rachat ou relance de dernière minute

lundi 31 octobre 2016

Act Up-Paris a appris avec tristesse, comme beaucoup d’autres personnes ou associations abonnéEs et lecteurICEs, la liquidation judiciaire de la société éditrice de Yagg. Sauf rachat ou relance de dernière minute, le site ne devrait plus fonctionner d’ici quelques semaines [1]. Nous avons une pensée pour les personnes impliquées dans ce projet à divers titres, dont des ancienNEs actupienNEs, et dont nous espérons qu’elles pourront rebondir au mieux et au plus vite.

C’est une très mauvaise nouvelle pour la visibilité de l’actualité LGBT, et en particulier pour les questions de santé et de lutte contre le VIH/sida et les IST que Yagg a toujours mises à l’honneur, souvent à la une, et sous des formes très diverses : participation à des conférences internationales et retour sur celles-ci, culture, histoire, et bien entendu des campagnes de prévention conduites ou relayées par Yagg [2].

Se clôt ainsi un espace d’information sur la prévention, ce que nous déplorons car c’est une perte d’empowerment pour les LGBT, comme nous le rappelle notre slogan INFORMATION=POUVOIR. Se clôt aussi un espace de discussion dans la communauté, un espace dont certains choix pouvaient irriter certainEs, sans doute, mais qui existait. Se clôt enfin un espace d’action et de relais d’actions. Celles d’Act Up-Paris, bien sûr, mais pas seulement : celles de beaucoup d’autres associations, et celles de Yagg même. C’est une mobilisation conjointe dans laquelle Yagg avait joué un rôle déterminant, qui, jusqu’à la semaine précédant la décision du tribunal de commerce de Paris, avait permis de sauver le périmètre de la campagne de prévention ciblée conçue par Santé Publique France [3].

Quand il nous faut nous contenter d’une campagne ciblée ici ou là lancée par les pouvoirs publics, on ne peut que déplorer que de l’aide n’ait été apportée par ceux-ci à Yagg pour permettre à celui-ci de survivre. On espère qu’il ne s’agit aucunement d’un calcul politicien, ou d’une conséquence de la liberté de ton et de l’ancrage à gauche assumé, qui auraient pu gêner certainEs qui ne connaissent que la rhétorique du "tu me donnes je te donnes".

À tout le moins, à quelques semaines du premier décembre, et dans la perspective de la présidentielle à venir, nous ne pouvons que nous inquiéter que l’une des principales chaines de transmission de l’information entre les associations et la presse généraliste, en plus ou moins bonne santé elle aussi, soit ainsi brisée. Nous appelons à nous organiser entre nous pour pallier cette difficulté, en partageant nos contacts, nos forces et nos compétences en matière de communication. C’est un enjeu essentiel pour assurer l’accès à l’information sur la prévention et sur les droits, pour les séronegs, les séropos, et les minorités sexuelles et de genre, et par là lutter contre l’épidémie !