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Conférence de Washington

Interpellation de la ministre de la santé sur le stand France à Washington.

Act Up-Paris - Aides - Élus Locaux contre le Sida

mercredi 25 juillet 2012

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Le ministère de la santé ne dispose d’aucun argument probant pour maintenir l’interdiction des soins funéraires en cas d’infection au VIH ou aux hépatites virales.

La ministre de la santé refuse de lever l’interdiction des soins funéraires. Dans une discussion informelle hier avec des militantEs, un membre du cabinet donne 4 arguments. Nous les présentons ci-dessous, avec nos réponses :

1- Il n’y aurait pas d’avis d’une société savante favorable à la levée de l’interdiction des soins funéraires ; le HCSP a été saisi pour un avis mais il n’a pas espoir qu’il soit plus favorable que le précédant. Il pourrait saisir le CNS mais ce n’est pas encore fait.

 Le CNS a rendu un avis en mars 2009 qui demande la levée de l’interdiction des soins funéraires en cas d’infection au VIH.

 L’avis du HCSP, défavorable, était fondé sur une expertise scientifique défaillante (le VIH est par exemple assimilé à une infection contagieuse).

 Enfin, les associations ont produit une expertise que, visiblement, la ministre ne s’est pas appropriée.

2- Le projet de décret a été rejeté en réunion interministérielle par le ministère de l’intérieur qui habilite les centres funéraires via les préfectures.

 Il appartient à la ministre de la santé de convaincre son collègue, sur la base d’une expertise scientifique inattaquable, que l’infection au VIH ou aux hépatites virales ne représente aucun risque pour les professionnelLEs des soins funéraires. En tant que responsable de la santé, la parole de la ministre est, sur ce sujet de santé publique, de plus de valeur que celle de Manuel Valls : elle doit le lui faire savoir.

3- Sur la question des conditions de travail et de la santé au travail, la responsabilité revient au ministère du travail qui n’a pas encore été saisi.

 L’interdiction des soins funéraires en cas de VIH et d’hépatites virales est une menace pour la sécurité des professionnelLEs : en faisant croire de façon illusoire qu’elle les protège, cette disposition les incite à prendre moins de précautions avec les corps de personnes dont on ne savait pas qu’elles étaient séropositives. L’existence d’épidémies cachées montre bien que l’interdiction des soins funéraires ne ressort pas du principe de précaution légitime, mais qu’il relève bien de la phobie, de l’irrationnel, de la discrimination.

4- La profession et le risque d’augmentation des coûts (autour de 400 € par corps) et l’absence de lieu répondant aux exigences sanitaires, risquent de mettre des thanatopracteurs au chômage dans une profession déjà touchée. Donc les professionnels pourraient se mobiliser contre les mesures visant à protéger leur santé.

 Cet argument est le plus étonnant. Si les dentistes menaçaient d’un mouvement de protestation, la ministre de la santé rendrait-elle légaux les nombreux refus de soins auxquels se livrent des membres de cette profession ? Le ministère ne se rend-il pas compte qu’avec ce type de discours, il légitime le principe même de la discrimination ? Tous les corps morts sont potentiellement dangereux, et tout aussi dangereux sont les produits que les professionnels manipulent. Il faut donc faire appliquer les précautions universelles dans toutes les situations, mais n’y a aucune raison de discriminer les personnes séropositives.

Les associations de lutte contre le sida ont à coeur de protéger tout le monde. Si nous demandons la levée de cette interdiction, c’est bien parce que nous savons qu’elle ne protège en rien les professionnelLEs, au contraire. Par contre, cette mesure représente une violence insoutenable pour toutes les personnes séropositives, à qui on fait ainsi comprendre qu’ils sont indésirables jusque dans la mort. Cette interdiction doit être levée.