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Fonds mondial sida, tuberculose et paludisme :

La France doit soutenir la reprise immédiate des mises sous traitement

Act Up-Paris, Aides, Coalition Plus, Sidaction, Solidarité Sida, Solthis

jeudi 10 mai 2012

Du 9 au 11 mai se tient à Genève le Conseil d’Administration du Fonds mondial de lutte conte le sida, la tuberculose et le paludisme. Certains pays cherchent à bloquer la reprise des mises sous traitement pour les malades du sida du Sud, alors que tous ces pays, y compris la France, se sont engagés en juin dernier à l’ONU à doubler d’ici 3 ans le nombre de malades soignés (1). Les associations appellent François Hollande à confirmer publiquement son adhésion à l’engagement pris par la France à l’ONU, et à exiger la reprise immédiate des mises sous traitements.

L’ARGENT EXISTE

L’argument opposé aux malades du sida des pays pauvres qui demandent une solidarité thérapeutique, est généralement l’insuffisance des recettes fiscales des pays riches en raison des difficultés budgétaires. "Nous sommes nous aussi devenus un pays pauvre" entend-on dire à la Direction du Budget de Bercy. C’est faux. Le CAC 40 continue d’afficher des profits record, montrant que la crise ne touche certainement pas tout le monde en France. 80 milliards de cadeaux fiscaux ont été accordés depuis 10 ans par les gouvernements de droite. Surtout, la France reste aussi riche en 2012 qu’elle l’était en 2008 : rien ne saurait justifier de bafouer les promesses prises envers les plus fragiles du monde.

La meilleure preuve que les moyens de la solidarité existent : la France vient juste d’ajouter, en sus de la taxe UNITAID sur les billets d’avion, une micro-taxe sur les transactions financières. Nicolas Sarkozy avait remis à après les élections la question de l’affectation de cette ressource. Lors d’une réunion avec les associations le 12 mars dernier, François Hollande s’est dit prêt à affecter les 400 millions de cette micro-taxe au renforcement de la taxe avion existante, qui permet entre autres de lutter contre le sida.

HOLLANDE ATTENDU AU G8

Quelle place pour l’humain François Hollande va t-il défendre au G8 le 18 mai et au G20 le 18 juin ? C’est dès cette semaine, dans la bataille du Conseil d’Administration du Fonds mondial, que cette question essentielle se joue.

En effet, la dernière réunion du G8, conduite au niveau des ministres des affaires étrangères, s’est penchée sur les problèmes du Fonds mondial. Rappelons que ce Fonds avait été créé, par le G8 de 2001, sur une idée du gouvernement Jospin : le Fonds de Solidarité Thérapeutique International (FSTI). Or, en novembre dernier et pour la première fois, suite au lobbying de certains gouvernements de droite (comme la Suède), la règle de base du Fonds mondial a été violée : les financements promis aux pays pauvres pour soigner des malades supplémentaires ont été annulés avant d’être versés (2). Depuis, les diplomates français ont obtenu du G8 qu’il se réengage en faveur du Fonds mondial et de l’éradication du sida (3). François Hollande reprendra t-il cet héritage à son compte durant le sommet du 18 mai ?

Alors que les gouvernements de droite tentent de fermer le Fonds mondial aux demandes d’aide des pays pauvres, nos associations appellent le nouveau Président de la République à prendre parti. François Hollande doit soutenir la réouverture immédiate du Fonds mondial aux demandes des pays pauvres et la reprise des mises sous traitement au Sud. Il doit s’engager à défendre, le 18 mai au G8, l’héritage français d’un Fonds mondial au service d’une véritable solidarité thérapeutique internationale.


Notes

(1) Concernant l’engagement des Etats a l’ONU de doubler le nombre de malades soignes d’ici 2015 : voir la Déclaration Politique de l’ONU sur le VIH/sida de juin 2011.
(2) Concernant la décision du Fonds mondial de suspendre les mises sous traitements de malades supplémentaires au Sud : voir le communique annonçant, en novembre 2011, l’annulation du 11eme tour de financement du Fonds mondial, et de remplacer ces financements par une mesure transitoire permettant uniquement de continuer à traiter les malades déjà soignes par le Fonds mondial.
(3) Concernant la confirmation par le G8-diplomatie de son engagement en faveur du Fonds mondial, voir le communiqué des ministres des affaires étrangères d’avril 2012.