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VIH et prison : mouvements

lundi 1er février 2010

Laurent Jacqua à Act Up-Paris, Christine Barbier à la Direction général de la santé et Jean-Amédée Lathoud à la tête de la Direction de l’administration pénitentiaire.

Arrivée de Laurent Jacqua à Act Up-Paris

Depuis la mi-novembre, Laurent Jacqua, prisonnier séropositif ayant fait 25 ans de prison, a rejoint l’équipe de salariéEs d’Act Up Paris pour le plaidoyer sur la défense et la sortie des prisonnierEs malades.

Laurent incarne parfaitement le discours à la première personne prôné par Act Up-Paris. Depuis sa cellule, il s’est battu durant 20 ans pour dénoncer les conditions intolérables dans lesquelles lui et les autres prisonnierEs étaient incarcéréEs. Aujourd’hui libre mais encore écroué il entend faire résonner la voix des sans voix, des abandonnéEs de touTEs qui meurent au fond des cages de notre République.

En tant que prisonnier séropositif, il connaît tous les rouages et dysfonctionnements du monde carcéral, judiciaire et médico-pénitentiaire. Il est passé très près de la mort en développant un sida a deux fois initié des demandes de suspension de peine pour raison médicale, qui lui ont été refusées. Il sait donc de quoi il parle grâce à son expérience dans le labyrinthe obscur de l’appareil répressif où les prisonnierEs malades peuvent disparaître. Sa priorité est la lutte pour le respect de la dignité des séro-prisonnierEs et à terme leur libération.

Arrivée de Christine barbier à la Direction générale de la santé

Cela faisait plus d’un an que le poste de référent prison à la DGS n’avait pas été occupé… Depuis peu, nous savons que Christine Barbier, médecin inspectrice de Santé Publique, cheffe de projet VIH/IST/ hépatites à la DRASSIF, devient référente « précarité, populations vulnérables » au bureau MC1 « santé des populations » de la sous-direction « promotion de la santé et prévention des maladies chroniques » de la Direction générale de la santé. A son nouveau poste, elle sera particulièrement en charge des prisonnierEs malades.

Lorsqu’elle était à la DRASS-Ile-de-France, Christine Barbier avait déjà travaillé sur le VIH en prison. Elle est notamment à l’origine du rapport « VIH/IST/hépatites en milieu carcéral en Ile de France » de septembre 2007. Bien que nous soyons satisfaitEs de cette nomination compte tenu du travail fourni jusqu’alors par Christine Barbier en lien avec les associations dont Act Up-Paris et de l’intérêt manifeste qu’elle porte aux conditions de vie des prisonnierEs séropositifVEs, nous regrettons que la DGS n’ait pas jugé utile de renouveler le poste de référent « sida en prison », cette thématique méritant à elle seule un poste à temps plein.

Arrivée de Jean-Amédée Lathoud à la tête de la Direction de l’administration pénitentiaire

Jean-Amédée Lathoud, magistrat, a été nommé directeur de l’Administration pénitentiaire par décret du 7 janvier 2010, en remplacement de Claude d’Harcourt en poste depuis décembre 2005. Il a pris ses fonctions le 11 janvier 2010.

Procureur général près la cour d’appel de Douai de 1999 à 2004, Jean-Amédée Lathoud était passé entre les gouttes de l’affaire d’Outreau qu’il avait supervisé directement, avant d’être nommé à la cour d’appel de Versailles en 2004, deuxième cour d’appel de France. En tant que procureur général de Versailles, Jean-Amédée Lathoud avait décidé–en
totale contradiction avec la législation en vigueur - de refuser les permis de visite aux enfants de moins de 14 ans de parent incarcéré dans les prisons relevant du ressort de la cour d’appel de Versailles (MA Bois d’Arcy, MAF Versailles, MC Poissy).

Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, avait « appelé l’attention de M. Lathoud » sur l’illégalité et l’inhumanité de sa décision. Dans un courrier adressé à M. Delarue, Jean–Amédée Lathoud répondait : « Il m’apparaît que l’on peut légitimement s’interroger
sur l’opportunité pour des enfants ou de jeunes adolescents de fréquenter nos actuels établissements pénitentiaires (...) et qu’il n’est sans doute pas inutile de sensibiliser à cet égard les familles concernées »
. On peut également « légitimement s’interroger » sur la décision d’un procureur général qui, en totale contradiction avec les dispositions du code de procédure pénale, décide de priver des enfants du droit de rendre visite à leur parentE et d’isoler un peu plus les prisonnierEs, leur coupant le peu de lien familial qui leur reste.

Monsieur Lathoud vient donc d’être nommé à la tête de l’Administration pénitentiaire. Il a animé la table ronde intitulée (« sortir les malades de prison » aux assises parlementaires le 12 février 2010, Act Up-Paris compte bien le lui rappeler tout au long de son mandat.