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Le cadeau de Noël du Vatican aux séropos : la haine

jeudi 23 décembre 2010

Dans sa tentative [1] pour « recadrer » son discours sur le préservatif, le Vatican s’en prend aux prostituéEs et aux femmes, notamment celles qui revendiquent la maîtrise de leur corps et la contraception. L’AFP a relayé ces attaques traditionnelles et toujours aussi scandaleuses, mais a manqué l’inédit.

Grande nouveauté, en effet, le Vatican, méconnaissant le principe fondamental de responsabilité partagée, fait porter aux seules personnes séropositives la responsabilité de la propagation de l’épidémie de sida. Ratzinger et son entourage affichent ainsi clairement une haine envers nous, séropos, malades du sida - haine publique qui ne manquera pas de renforcer les discriminations que nous subissons partout dans le monde et de décourager les personnes à se faire dépister.

Séropo, donc dangereux

La note scandaleuse citée dans ce communiqué a été rédigée par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Celle-ci veille à l’adéquation entre textes millénaires et ce qui s’écrit aujourd’hui. C’est son rôle de peser le poids des mots, d’hier et d’aujourd’hui. Personne, donc, ne pourrait dire que ce que nous lisons est le fruit d’un malentendu, notamment dans le passage suivant :

« Celui qui se sait infecté par le VIH et donc susceptible de transmettre l’infection, commet non seulement un péché grave contre le sixième commandement, mais aussi un autre contre le cinquième, puisqu’il met sciemment en danger la vie d’une autre personne, ce qui a également des répercussions sur la santé publique. »

Dans cette phrase, la personne qui se sait séropositive est réduite à un seul statut : « susceptible de transmettre l’infection ». Elle seule est responsable de la mise en danger de son partenaire, et des conséquences sur la santé publique. Et la personne séropositive est coupable, puisque deux phrases plus loin, on parle de son statut sérologique comme « le mal lié à son comportement désordonné ». Enfin, cette note indique ouvertement qu’une personne qui se sait séropositive est unE meurtrierE potentielLE, comme l’atteste la mention de la transgression du 5ème commandement. Dans la logique induite par cette phrase, elle est potentiellement meurtrière, uniquement parce qu’elle se sait « infecté(e) par le VIH et donc susceptible de transmettre l’infection ».

A quatre jours de Noël, le Vatican résume donc publiquement sa position sur les personnes vivant avec le VIH : elles méritent leur état, elles sont dangereuses pour leurs partenaires et pour la société, et, quand elles connaissent leur statut sérologique, ce sont des assassins en puissance.

Sous les apparences d’un progrès, un retour de 25 ans en arrière

Ce faisant, le Vatican revient sur 25 ans de lutte contre le sida : les séropos sont coupables, la prévention n’est pas l’affaire des séronégatifs, etc. Toutes ces horreurs, tous ces préjugés énoncés au nom d’une morale qui ne tient pas la route, sont irresponsables. Au moment où, en France comme un peu partout dans le monde, on fait en sorte que plus de personnes se fassent dépister, le discours de haine du Vatican envers celles et ceux qui se savent séropos, malades du sida, doit être condamné par l’ensemble des acteurs de la lutte contre la pandémie. Ce ne sont pas les séropos qui portent atteinte à la santé publique, ce sont les discours de haine comme celui qu’entretient le Vatican.

Contraception, prostitution : leur morale face à nos droits

Dans sa note, le Vatican réaffirme le caractère immoral de la contraception et de la prostitution. Nous réaffirmons, nous, notre droit à user des moyens de contraception, à user de notre corps comme bon nous semble. Nous rappelons que nos vies et nos droits ne peuvent dépendre d’aucune morale, et surtout pas d’une morale aussi haineuse et ignorante de la réalité que celle prônée par le Vatican.

Act Up-Paris exige :

 des excuses publiques du Vatican sur ces propos haineux envers les personnes vivant avec le VIH ;

 une condamnation par la France, et singulièrement une condamnation officielle par le porte-parole du quai d’Orsay, des propos du Vatican : parce qu’ils sont contraires aux impératifs de la lutte contre le sida, parce qu’ils sont haineux, parce qu’ils vont faire le jeu de l’épidémie partout dans le monde ;

 la reconnaissance légale du travail sexuel, et une politique attentive aux droits et à la santé des prostituéEs, et de leurs clientEs ;

 la défense du droit à tous les moyens de contraception et à l’avortement.


[1Note de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur « Lumière du monde », disponible sur le site de La Croix