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« Nous combattrons jusqu’à ce que les milliards nécessaires, et promis, pour lutter contre le sida soient effectivement versés »

vendredi 18 juillet 2003, par Vuyiseka Dubula

Ce discours a été lu par Vuyiseka Dubula (association TAC - Afrique du Sud) lors de la clôture de la conférence de l’IAS à Paris le 16 juillet 2003 devant les représentants du Fonds Mondial (Jacques Chirac, Romano Prodi et Tommy Thompson).

Je m’appelle Vuyiseka Dubula. Je fais partie de la Treatment Action Campaign (TAC) en Afrique du Sud. Je suis aussi membre du PATAM, Pan African Treatment Access Movement.

Je suis séropositive et je représente les personnes qui vivent avec le VIH, qui devraient être sur cette tribune. 42 millions dans le monde, la plupart dans des pays pauvres.

Cette conférence a confirmé les points suivants sur la thérapie antirétrovirale :
 elle prolonge des vies ;
 elle peut être utilisée dans des régions du globe qui sont démunies ;
 elle a un impact positif sur la prévention ;
 elle peut être à un prix abordable grâce aux génériques

Nous avons entendu certains experts, à cette même tribune, dire qu’on ne pouvait pas traiter les gens en Afrique sans créer des phénomènes de résistance au VIH. Je suis heureuse d’entendre d’autres experts qui affirment que la communauté scientifique a vivement rejeté cet argument.

Les résistances ne sont qu’un prétexte pour retarder tout progrès en matière d’accès aux traitements. Et il est honteux que l’on continue à utiliser de tels arguments.

Ces prétextes fallacieux ont des conséquences terribles dans les pays d’Afrique. Comme en Afrique du Sud, d’où je viens. Mon gouvernement utilise ce genre d’arguments qui retardent l’accès aux traitements alors que des personnes meurent. Rien qu’en Afrique du Sud, 600 personnes décèdent chaque jour.

Les pays riches refusent de donner de l’argent pour l’accès aux traitements et pour sauver, maintenant, les vies des personnes vivant avec le VIH. Nous exigeons de l’Union Européenne qu’elle s’acquitte de la contribution qu’elle doit accorder à l’ampleur de la pandémie - 1 milliard d’euro.

Nous demandons aux Etats-Unis de verser le milliard qu’ils ont promis pour financer le Fond Mondial. Les pays riches ne peuvent pas refuser de verser au Fonds la contribution que la pandémie nécessite. Le Fonds Mondial est le meilleur espoir pour les personnes qui vivent avec le VIH d’avoir un accès aux traitements.

Ce Fonds ouvre à la société civile des pays les plus touchés la possibilité d’exiger des gouvernements qu’ils fassent des demandes pour financer des programmes d’accès aux ARV et qu’ils les incluent dans leur politique nationale d’accès aux traitements. Le Fonds Mondial ouvre aussi la possibilité à chacun, dans le monde, d’exiger des pays riches qu’ils tiennent leurs promesses pour pourvoir pleinement aux besoins du Fonds.

Nous n’avons pas le droit de laisser l’espoir et les combats des personnes vivant avec le VIH se heurter à l’indifférence criminelle que nous avons connue ces deux dernières années, depuis que le Fonds Mondial a été lancé par les représentants du G8.

La conférence des donateurs qui s’est tenue aujourd’hui a été une démonstration flagrante de cette indifférence criminelle.

Cette conférence des donateurs est un scandale. Il n’y a eu aucun engagement significatif de la part des gouvernements des pays riches pour 2003. Les pays les plus riches du monde refusent de payer la somme nécessaire en 2003 et 2004 pour commencer à sauver des vies.

C’est une trahison envers toutes les personnes atteintes, c’est intolérable.

Nous avons besoin de contributions régulières, annuelles, calculées en fonction des besoins des personnes séropositives, malades du sida, et non en fonction de la mesquinerie budgétaire des gouvernements.

Nous sommes séropositifs, malades du sida, nous sommes les premiers concernés et nous combattrons la lâcheté criminelle de ces donateurs.

Nous combattrons jusqu’à ce que les milliards nécessaires, et promis, pour lutter contre le sida soient effectivement versés.

La sécurité est tellement importante ici. J’aimerais tant que soit converti chaque agent de la sécurité présent à cette séance en 1 milliard d’euro pour le Fonds Mondial.

Nous devons faire entendre notre parole, tous ensemble. S’il vous plaît, criez avec moi :

TREAT THE 6 MILLION [1] !
WHERE IS THE TEN BILLION [2] ?

TREAT THE 6 MILLION !
WHERE IS THE TEN BILLION ?


[1soignez les 6 millions de personnes [qui ont besoin d’un traitement d’urgence]

[2où sont les 10 milliards [de dollars par an nécessaires au Fonds mondial]