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Marianne : l’homophobie comme déontologie

Un droit de réponse pour les aider à comprendre

dimanche 11 mai 2008

Le 5 avril 2008, l’hebdomadaire Marianne publiait dans le cadre d’un dossier sur "La tyrannie des minorités"un article à charge, non documenté, contre Act Up-Paris. Nous leur avons envoyé un droit de réponse le 17 avril. La rédaction a refusé de le publier.

Un des propos de cet article nous avait particulièrement halerté : « manière d’affirmer en creux le droit des minorités d’imposer leurs modèles et leurs valeurs au reste de la société ». Lorsque nous appelons la communauté gay à se protéger et à utiliser la capote, lorsque nous revendiquons, comme à notre habitude, l’égalité entre homos et hétéros, (droit au mariage ou à l’adoption), qui pourrait y voir une menace pour le reste de la société, une volonté d’imposer ses valeurs ? Qui, si ce n’est quelqu’un qui a peur, de façon irrationnelle, de la place qu’accorderait la société à l’homosexualité ? C’est très précisément la définition de l’homophobie,

Voici le contenu de notre droit de réponse.

Ce qui est pratique avec la mauvaise foi, c’est qu’elle est intemporelle. L’article intitulé « Un groupuscule de robespierristes gays », paru dans le n°572 de Marianne sur « la tyrannie des minorités » aurait pu être écrit il y a 1 ans, ou 10, ou 15, ... presque 20. Eh oui, bientôt 20 ans qu’Act Up-Paris lutte contre le sida. Pour fêter ça, nous allons jouer, chère lectrice républicaine, cher lecteur républicain, à un jeu passionnant :

Qui a dit : « nous exigeons la revalorisation de tous les minima sociaux, notamment l’AAH et le RMI, au niveau du SMIC brut » ?

Qui a dit : « Entre les intérêts des multinationales pharmaceutiques et les intérêts des
malades pauvres, M. Sasomsap (premier ministre de Thaïlande) doit aujourd’hui choisir son camp
 »
 ?

Qui a dit : « L’expulsion d’une personne séropositive vers un pays où elle n’aura pas accès aux traitements que nécessite son état de santé n’est autre qu’une condamnation à mort »  ?

Qui a dit (à propos du projet de loi Dati sur la rétention de sûreté) : « Cette peine de prison à vie qui ne veut pas dire son nom pose en particulier de graves problèmes éthiques concernant l’usage du secret médical en détention » ?

Qui a dit : « Bientôt autant de femmes séropositives que d’hommes séropositifs ; à quand l’égalité des femmes et des hommes face à la recherche, face aux programmes de prévention, face à l’emploi, face aux revenus, devant les soins ? » ?

Allez, comme nous sommes bonnes filles, nous vous donnons même les réponses, avec les références. Oui, c’est bien Act Up-Paris - l’association de « robespierristes gays » que votre hebdomadaire préféré est allé chercher pour illustrer la menace des « ayatollahs gays » sur
notre chère République menacée par la « tyrannie des minorités » - l’auteure de ces extraits de communiqués de presse, tous accessibles sur notre site, www.actupparis.org.

Et c’est ce qu’aurait lu l’auteur du papier en question s’il s’était donné la peine de se renseigner sur le travail d’Act Up-Paris avant de l’écrire.
En tant que présidentes d’Act Up-Paris, nous tenons à vous féliciter pour la qualité de votre travail d’enquête et d’analyse sur notre association, qui nous a beaucoup diverties.

Marjolaine Degremont et Rachel Easterman-Ulmann, co-présidentes d’Act Up-Paris