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De la France à la Tchétchénie, les LGBTIphobies, ça suffit !

mardi 11 avril 2017

En ce début d’année 2017, les violences que subissent lesbiennes, gays, biEs, trans, intersexes, continuent de s’accumuler en France et de par le monde.

Cette année, comme les précédentes, c’est aux sons de « pédale », « salope », « travelo », « bouffeuse de chatte », « suce bite », « dégénérée » que des agressions violentes ont été rapportées en France, à Libourne, Marseille, Metz, Nyons, Toulouse, Montpellier, et dernièrement Paris, sans compter celles qui ne sont pas parvenues à l’oreille de médias ou pour lesquelles les victimes n’ont pas porté plainte. Elles ont aussi parfois un caractère raciste, islamophobe ou antisémite. Elles sont la concrétisation de la libération de paroles LGBTIphobes qui a marquée le quinquennat qui s’achève. Ces 5 années ont aussi été marquées par des entraves à la visibilité des LGBTI de la part des pouvoirs publics, notamment par les restrictions (de dates, de parcours) imposées à certaines Marches des Fiertés et marches de lutte contre le sida le 1er décembre.
La façon dont les gouvernements sortants ont mené l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, puis le sacrifice des autres promesses, enfin leurs choix dans le cadre de l’usage à outrance de l’état d’urgence sont responsables de cette situation.

Ailleurs, dans le monde, les violences LGBTIphobes également élevées, cautionnées ou institutionnalisées par les gouvernements et parfois leurs populations. Russie, Serbie, Turquie, Tunisie, Maroc, Afrique subsaharienne (p. ex. en Ouganda), Amérique Latine (p. ex. au Brésil), Inde, Indonésie : les exemples d’agressions, d’arrestations, de tortures, de meurtres, s’accumulent, et notre inquiétude est immense !

Dernièrement, c’est de Tchétchénie que sont venus des témoignages d’arrestations et de violences : au moins une centaine de personnes auraient été arrêtées suite à des opérations de large ampleur, exploitant en particulier les réseaux sociaux, elles auraient été placées en détention dans les geôles du régime, dont la forme pourrait s’apparenter à celle de camps, et torturées, au point que plusieurs personnes auraient perdu la vie. Les témoignages sont pour le moment assez peu nombreux, mais une ligne d’urgence a été mise en place par des activistes russes. C’est une nouvelle et dramatique application par l’un de ses francs soutiens de la politique répressive que poursuit Poutine depuis des années.

Un bilan qui pèse également lourd en matière de santé, puisque l’augmentation des contaminations, notamment par le VIH et aux hépatites, se poursuit. Chaque violence et discrimination LGBTIphobe pèse sur notre santé, mentale et physique, dépression, suicides, conduites à risque, éloignement du système de santé, exposition et contaminations aux VIH et aux hépatites, nous éloigne de l’accès à l’éducation, à l’emploi, au logement. La sérophobie et les LGBTIphobies s’entretiennent par ailleurs mutuellement.

Alors que les violences s’abattent sur nous et nous isolent toujours plus, nous ne pouvons pas attendre le 17 mai, qui marque la journée internationale de lutte contre les LGBTIphobies (IDABLHOIT) pour nous rassembler et faire preuve de solidarité.

Nous pouvons d’autant moins attendre que cette tragique actualité se croise avec l’approche des présidentielles : les candidatEs doivent réagir publiquement !

Or, plus encore que le terne bilan du quinquennat, surtout au regard des insatisfactions qui subsistent sur divers fronts (PMA, déjudiciarisation du changement d’état-civil, reconnaissance des droits des enfants nés de GPA à l’étranger, fin des mutilations des enfants intersexes, meilleur accueil des demandeurSEs d’asile LGBTI, lutte contre le VIH/sida), ce sont les perspectives qu’ont ouvertes la campagne électorale qui sont tout autant inquiétantes, et face auxquelles il est urgent de s’organiser.

En effet, en faisant notamment concourir :

  • un parti, le FN, le même parti qui proposait l’enfermement des séropos dans des sidatoriums, opposé à l’égalité des droits, raciste, islamophobe, antisémite et négationniste, dont le programme comprend la remise en cause du mariage pour tous, s’accommodant avec les plus homophobes de par le monde, dont Poutine, et ne prétendant défendre les LGBTI que quand il s’agit – avec un certain succès, nous ne pouvons que le regretter – de les opposer aux musulmans ;
  • un candidat, Fillon, adoubé par les réactionnaires de Sens commun, mouvement politique créé autour de l’opposition à l’égalité des droits, qui doit sa victoire aux primaires au déroulé des débats sur le mariage pour tous, et dont le parti, aux commandes dans plusieurs régions, s’illustre notamment en baissant les subventions aux associations LGBTI ;
  • trois candidats, Macron, Hamon, Mélenchon, ayant à des titres divers l’expérience de gouvernements socialistes, et qui, quoi que plus progressistes dans leurs programmes, se sont tous trois laissés allés à plus de complaisance avec La Manif pour Tous qu’ils n’ont fait preuve d’attention envers les militantEs LGBTI au cours de la campagne, ce qui fait peser, à tout le moins, un doute sérieux quant à leur détermination à mettre en œuvre leurs promesses ;

La campagne électorale, politique et médiatique, qui s’est ouverte s’est faite rarement autour des droits des LGBTI mais davantage autour des opposants à nos droits, et en tout état de cause, encore moins avec nous, comme du reste encore moins avec beaucoup d’autres minorités !

Sans parole claire et franche contre les LGBTIphobies au cours de cette campagne, comment penser que leA représentantE éluE le 7 mai pourra trouver les mots pour s’ajouter aux demandes de la communauté internationale d’enquêtes sur les crimes en Tchétchénie, et appeler à la fin de ces exactions ?

Ce n’est qu’en nous faisant entendre, nous, LGBTI, qu’en participant de la reconstruction d’un rapport de force, que par une réelle solidarité internationale de et avec touTEs les LGBTI que nous parviendrons à faire avancer les choses : que cessent les violences LGBTIphobes, que l’accès aux droits, aux soins, à l’éducation, à l’emploi des LGBTI soit renforcé !


Nous appelons à une première étape en ce sens dès le vendredi 21 avril, à 18h, place de l’Hôtel de Ville.

Ce 21 avril, contre toutes les violences LGBTIphobes, solidarité !

Signataires au 21/4 :
L’Académie Gay & Lesbienne, Acceptess-T, Act Up-Paris, Act Up Sud Ouest, AIDES, l’ANT (association nationale transgenre), BAAM - Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrants, C’est pas mon genre !, le Cinquième Parallèle - le club LGBTIQ+ de l’ENS Paris-Saclay, le collectif des Raciné.e.s, le Collectif Existrans, le Collectif Intersexes et allié.e.s, le comité Tchétchénie, la Fédération LGBT, Féministes Révolutionnaires, Femmes En Luttes 93, FièrEs, le label KTDJ, le Lesbotruck+, le festival LOUD & PROUD, l’Observatoire des Transidentités, Outrans, Pride de Nuit, Quazar - le Centre LGBT d’Angers, la Queer Week, Sidaction, Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence - Couvent de Paname, le STRASS - Syndicat du Travail Sexuel, Trans Hauts-de-France, Trans Inter Action, le T-TIME