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Edito

Elle s’appelle Dominique Gillot

mars 2000, par Emmanuelle Cosse

Août 1999. Elle s’appelle Dominique Gillot. Elle est Secrétaire d’Etat à la Santé.

Elle comprend la douleur des personnes séropositives. Elle est « choquée » que des malades en échappement n’aient pas accès à des nouveaux traitements. Elle prétend lors de son arrivée porter le FSTI avec « toute sa détermination et sa sensibilité ». Elle est à l’écoute des malades. Elle relaiera leurs combats.

Mars 2000. Dominique Gillot a oublié ses bonnes intentions. Elle est invisible. Sa détermination se traduit par son absence, sa sensibilité par son silence.

Avril 1999. Quatre laboratoires refusent d’accélérer la mise à disposition de nouvelles molécules : Gillot est révoltée. 6 mois après, cette question est toujours d’actualité. Mais sa révolte s’est envolée.

Avril 1999 : de nombreuses études montrent un relâchement général des pratiques sexuelles safe : Gillot demande à son ministère de réfléchir, car la prévention, « c’est difficile ». Les campagnes de prévention du ministère restent pourtant comme Gillot : inexistantes.

Mars 2000. Un laboratoire arrête la production mondiale d’une molécule essentielle pour les malades en échappement et ceux atteints d’une tuberculose multirésistante : Gillot se tait et organise la pénurie.

Dominique Gillot voulait se démarquer de Kouchner par « un travail de fond ». Mais elle n’a réussi qu’à l’imiter : ses grandes déclarations ne sont jamais suivies d’effet.

Ainsi, elle affirmait lors de sa prise de fonctions « que chaque patient doit avoir accès à son dossier médical » : le projet de loi sur le droit des malades accuse aujourd’hui 6 mois de retard, sans qu’aucune garantie ne soit donnée sur ce point. On nous dit simplement de croire aux convictions de Madame la Ministre.

Gillot nous assure que la santé des femmes « est l’une de [ses] priorités quotidiennes ». Et qu’il faut « prévenir toujours mieux prévenir ». Mais elle se contente d’un programme de prévention mis en place avec le Planning Familial, sans donner des moyens pour un véritable accès aux préservatifs (masculins et féminins), au dépistage, aux traitements ou à la mise en place d’un suivi particulier des femmes.

Quant aux malades prisonniers, si Dominique Gillot juge « indigne » les conditions de détention en France, elle ne fait rien pour les modifier et forcer son gouvernement à changer de politique carcérale.

Nous n’avons pas besoin d’une Ministre fantoche. Nous voulons des pouvoirs publics mobilisés, conscients de la gravité du sida et de l’ampleur des actions à mener.

Y-a-t-il vraiment une ministre de la Santé en France. Ou n’est-ce qu’un mirage ?

Petit rappel à Dominique Gillot : le sida, lui, est bien réel.