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Chroniques de Toronto (4) : Abbott Day & indépendance indienne

mardi 15 août 2006

Encore une journée faste en actions et en revendications. Les militantEs de tous pays présentEs à Toronto sont montéEs à l’assaut de l’avidité meurtrière d’Abbott...

Front interassociatif

Act Up, AIDES, Sidaction et Solidarité Sida ont réagi sur les propos du conseiller spécial UNITAID auprès du Ministre des Affaires Etrangères, tenus hier. Ce communiqué de presse demande à Philippe Douste-Blazy des garanties pour que l’argent d’UNITAID ne soit pas gâché par le coût élevé des traitements, au nom des brevets. [1]

Abbott en journée

Les activistes s’installent, prennent les chaises, les déplacent petit à petit, demandent poliment aux gens installés là de libérer la place. Des tee-shirts sont posés sur les tables, des banderoles et des pancartes sont accrochées, et une énorme bâche forme le mur de notre stand. On peut y lire : « Abbott : Your Booth is Empty Just Like Your Promises » (Abbot, votre stand est aussi vide que vos promesses). C’est fait : progressivement, nous avons fait de l’espace laissé vacant par le laboratoire (voir chronique d’hier) le stand international des activistes. On y diffuse de l’information sur l’accès aux traitements, et notamment sur le cynisme d’Abbott ; on y discute entre activistes ou avec les badauds ; on y vend des tee-shirts ; on travaille sur les actions à venir ; on y retrouve avec plaisir les gens que l’on n’a pas revus depuis deux ans ; on y apprend aussi que d’autres sont, entretemps, mortEs du sida.

Miss Health Stable chante une mélopée demandant : « Where are you, Abbott Guy ? » Il y a des IndienNEs, des CoréenNEs, des AméricainEs, des CanadienNEs, des FrançaisEs, des Thaïs, des JaponaisEs, des activistes d’Afrique du Sud, etc. La dynamiqe entre le public habituel des conférences et les activistes est impressionnante. Tout cela se fait avec l’évidence que nous sommes chez nous — ce qui est vrai, puisqu’Abbott nous a laissé la place en refusant de venir, pour la seule raison qu’ils et elles étaient incapables de répondre à nos revendications, montrant ainsi à tousTEs que nos reproches sont fondés.

L’Inde libre

Parmi les militantEs d’Act Up-Paris, certainEs tiennent le stand — les tee-shirts ont un succès fou. D’autres assistent aux sessions. D’autres enfin coorganisent et/ou participent aux actions. Vers 15 h 50, des activistes indienNEs mènent une marche autour des stands des laboratoires. C’est la fête nationale, qui célèbre l’indépendance indienne : avec des slogans, et des pancartes en forme de cerf-volant aux couleurs du drapeau, les activistes réclament l’indépendance du gouvernement vis-à-vis des labos : « Big Pharma, Quit India » ; « Lives before profit ». L’Inde est le premier pays producteur de médicaments génériques. L’accès à des traitements à moindre coût est menacé par l’évolution des règles internationales sur la propriété intellectuelle et par les accords bilatéraux passés entre l’Inde et les Etats-Unis, sous la pression de l’industrie pharmaceutique.

Abbott en soirée

Autre action de la journée, concernant Abbott toujours. Ils et elles organisaient un symposium à 18 heures. 40 militantEs sont présentEs, interrompent le premier intervenant, montent sur scène et dénoncent à hauts cris l’avidité meurtrière du groupe phamaceutique et le prix élevé du Kaletra. Une militante d’Afrique du Sud explique les conséquences du prix du Kaletra, médicament de seconde génération indispensable pour les malades qui développent des résistances. Un activiste américain rappelle l’historique des horreurs commises par Abbott depuis 2000. La salle, visiblement de notre côté, applaudit. Et nous repartons, pour une soirée de réunion, en vue de préparer la journée de demain.


[1De retour de Toronto, nous constatons avec satisfaction que notre proposition de clarification des intentions d’UNITAID au sujet des brevets pharmaceutiques avait, après des mois d’insistance, finalement été retenue.