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Dépistage obligatoire, rupture du secret médical et criminalisation.

Le respect des personnes séropositives et des droits des malades contre des pratiques sécuritaires de stigmatisation institutionnelle.

dimanche 7 octobre 2012

Act Up-Paris contribue aux travaux du groupe n°4 du Programme d’action gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Le texte suivant est le fruit de notre travail sur la question, enclenché depuis les premières tentatives d’instauration du dépistage obligatoire en 1991.

(...) En faisant planer la menace d’une contamination lors de toute forme d’agression impliquant un contact avec du sang, le dépistage obligatoire induit une stigmatisation généralisée des personnes séropositives. Au lieu d’adopter des mesures pragmatiques permettant aux victimes d’accéder plus facilement et plus systématiquement à des traitements post-expositions (TPE), très efficaces, les pouvoirs publics privilégient la punition et l’atteinte aux droits fondamentaux des malades. L’urgence, lors d’une agression potentiellement contaminante, n’est-elle pas la protection des victimes, afin d’éviter une séroconversion ? N’y a t-il pas mieux à faire dans ces situations ? Ne vaut-il mieux pas adopter une posture de santé publique basée sur la confiance, et incitant de manière non contraignante les personnes (auteur-e-s comme victimes) à se faire dépister ?

Ce type de mesures, vexatoires et contraires aux principes fondamentaux de santé publique ne nous étonnaient pas de la part des précédents gouvernements, toujours à l’affût de la moindre mesure pouvant criminaliser encore plus les personnes, et montrer du doigt les malades. Aujourd’hui, nous nous étonnons que les articles les plus sécuritaires et contraires aux libertés fondamentales des lois votés par Nicolas Sarkozy ne soient pas supprimés. Car derrière ces mesures, il y a un paradigme, la sécurité comme principe de l’action publique, que nos associations ont toujours dénoncé et dont nous exigeons l’abandon. Outre le dépistage obligatoire, les franchises médicales, par exemple, continuent de faire peser sur les malades une responsabilité sociale injustifiée et humiliante. De l’autre côté de murs, en détention, des personnes trans’ se voient dénier leurs droits les plus fondamentaux à vivre une vie acceptable par une administration sans pitié : refus de la continuité du parcours de transition, mise à l’isolement des personnes trans’. Tout se passe comme si, dans notre société, les personnes trans’ et les malades étaient « un peu plus » coupable que les autres, méritaient un traitement « un peu moins » juste. Les conséquences sur les vies de ces personnes sont dramatiques, et il est temps d’y mettre un terme.


Act Up-Paris exige de ce gouvernement qu’il abandonne l’ensemble des mesures sécuritaires contraires au respect des personnes et aux principes élémentaires de santé publique.

(Avec l’aimable autorisation de Armand Borland pour la photographie d’illustration, vous pouvez consulter son site ici : http://www.borlant.fr/).