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Conflit d’intérêt, incompétence, mensonges et homophobie

Nora Berra, un danger pour les LGBT et les séropos

lundi 4 avril 2011

Pour justifier l’exclusion des homosexuelLEs du don d’organe, Nora Berra a déclaré mardi dernier au Sénat que « l’ homosexualité est un facteur de risque pour le VIH ». C’est la première fois depuis le début de la pandémie qu’une responsable gouvernementale en charge de la santé stigmatise aussi ouvertement les gays et les lesbiennes.

Après avoir publiquement défendu l’industrie pharmaceutique au début de la révélation du scandale du Médiator, après avoir dissimulé aux parlementaires un rapport de l’IGAS pour démanteler la couverture maladie des sans-papiers, Nora Berra s’illustre aujourd’hui par son ignorance et sa haine des pédés et des gouines. Jusqu’à quand les LGBT et les acteurRICEs de la lutte contre le sida vont-ils/elles tolérer que les impératifs de santé soient incarnés par une personne aussi incompétente et dangereuse pour nos combats ?

La haine de Berra est un facteur de risque

Une orientation sexuelle ne peut être ni à l’origine d’une infection, ni un facteur de risque. Ce sont la prévalence du VIH dans une population et les comportements qui sont des facteurs de risque de transmission ; en l’occurrence, les rapports sexuels non protégés dans une population particulièrement touchée.

Si Nora Berra ignore ces évidences, qu’elle retourne au collège : c’est dans les modules d’éducations à la sexualité qu’elle pourra se les approprier. En attendant, il est inadmissible qu’elle entretienne jusqu’au Sénat la stigmatisation des homos, alors qu’il est depuis longtemps établi que ce sont ces discours de haine qui favorisent les pratiques à risque.

L’incompétence de Berra est un facteur de risque

Nora Berra ignore jusqu’au contenu même du plan national de lutte contre le VIH élaboré pendant deux ans dans ses services. On peut y lire que chacun doit « favoriser des approches respectueuses des choix d’orientation sexuelle et rapport de genre en intervenant auprès des professionnels sanitaires et sociaux en contact avec la population des femmes et hommes homo-bisexuel(le)s ».

Nora Berra devrait donc encourager tout-e professionnel-le de santé à refuser la stigmatisation à l’égard des LGBT. Mais, parce qu’elle ignore les bases de la lutte contre le sida, elle renforce ces discriminations et leur donne même une assise institutionnelle au sein du Sénat.

Quant au don d’organe, comme au don du sang, le contrôle doit se faire sur la base d’informations fiables (connaissance de son statut sérologique, état de relations non protégées), et non d’interprétations erronées et stigmatisantes des données épidémiologiques. Rien ne justifie l’exclusion de personnes sur la base de leur orientation sexuelle. C’est faire croire aux hétéros qu’ils/elles ne sont pas exposéEs au risque du VIH, qu’ils/elles n’ont pas besoin de se faire dépister et qu’il/elles peuvent donner leur sang et leur organe sans faire courir de risque. Quelle responsable de santé publique voudrait faire croire de telles inepties ? Une personne qui n’y connait rien.

Baisse de subventions = contaminations

Nora Berra et Xavier Bertrand réduisent les subventions destinées aux dispositifs de prévention de terrain, notamment auprès des homosexuels, quelques mois seulement après que l’Institut de Veille Sanitaire a signalé une augmentation des contaminations chez les gays, particulièrement chez les jeunes.

Par exemple, Nora Berra prive le SNEG de 90 000 € de subventions alors que cette structure assure une action de prévention dans les établissements homosexuels. Le SNEG distribue 5 millions de capotes ciblées sur les gays quand l’INPES en diffuse 10 millions à l’ensemble de la population. Une telle activité va donc être ralentie, la prévention amoindrie, les contaminations encouragées. Nora Berra le sait : elle sera directement responsable des infections à venir que sa politique aura causées, notamment chez les homos.

Nora Berra préparera sûrement des excuses maladroites, parlant de propos mal compris, sortis de leur contexte. Cela ne nous convaincra pas.

Si Nora Berra veut réparer sa faute politique et éthique, c’est simple :

 qu’elle demande des excuses de façon inconditionnelle auprès des LGBT pour la haine qu’elle a véhiculée ;

 qu’elle rétablisse la vérité scientifique et épidémiologique qu’elle a faussée ;

 qu’elle se prononce publiquement en faveur du don d’organes et de sang pour les les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, et contre toutes les formes de discrimination homophobe et transphobe ;

 qu’elle augmente les subventions aux associations de lutte contre le sida en particulier, et les financements à la santé en général, par exemple en prélevant une taxe sur les bénéfices de l’industrie pharmaceutique pour laquelle elle a travaillé pendant 10 ans.