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La Russie au bord du gouffre : épidémiologie

dimanche 15 mai 2005

Des chiffres officiels sous-estimés

Les chiffres russes sous-estiment l’ampleur des épidémies de sida et des hépatites virales. Le dépistage obligatoire pour les usagErEs de drogues, associé à la répression dont ils et elles sont l’objet dans le système de soins, fait que beaucoup d’entre eux, elles ne vont pas se faire dépister. De même, l’absence de campagnes de prévention massives, et notamment d’incitation au dépistage, laisse supposer que de très nombreuses personnes sont séropositives au vih et/ou à des hépatites virales sans le savoir. Il y a donc une épidémie cachée, dont les autorités russes refusent de tenir compte. Les activistes de Frontaids ainsi qu’un médecin de Saint-Petersbourg nous confiaient qu’il fallait multiplier par 5 le nombre officiel de séropositifVEs enregistréEs pour avoir une idée de la prévalence réelle.

Autre preuve du déni des autorités : il n’y a aucune donnée sur la mortalité liée au sida. Les décès parmi les personnes séropositives sont recensées sans aucune corrélation avec le vih. Ainsi, en Russie, on reconnaît officiellement le décès de ces personnes, mais ce n’est pas le sida qui les tue. C’est ainsi qu’on peut lire simplement dans la brochure réalisée par le centre sida de Saint-Pétersbourg que la mortalité chez les séropositifs a « augmenté en 2004 », sans aucune information supplémentaire. De la même manière, il existe très peu de données sur les hépatites virales.

Séroprévalence au vih

Le rapport annuel d’ONUSIDA faisait état, en décembre 2003, d’un nombre de séropositifVEs compris entre 420 000 et 1 million 420 000. L’épidémie a explosé à partir de la fin des années 90 et début 2000. À Saint-Petersbourg, on enregistrait comme séropositif 100 usagErEs de drogue par jour en 2000. Selon les chiffres officiels, la séroprévalence dans cette même ville est passée de 0,013 % en 1998 à 1,3 % en 2002.

Modes de transmission

En 2002, selon le registre fédéral, la base de donnée qui recense au niveau national les cas de vih, 93% des séropositifVEs avaient été contaminéEs par injection. En 2001, 4,7% des nouveaux diagnostics étaient liés à une transmission par voie sexuelle ; en 2002, ce taux était de 12%, et de 17% en 2003. Les données disponibles semblent indiquer que les contaminations par injection ont atteint un « seuil de saturation », mais que la transmission par voie sexuelle pourrait reprendre le relais.

Une très grande majorités des travailleuses du sexe sont aussi usagEres de drogues. 80% d’entre elles vivraient avec une hépatite virale, près de 50 % avec le vih, selon l’UNDP. La plupart du temps, elles ont été enregistrées séropositives suite à une contamination par injection.

Tuberculose

Parmi les affections opportunistes, la tuberculose est la maladie la plus prégnante. L’OMS estime que cette maladie tue chaque année 30 000 personnes.

Hépatites

Il n’existe pas de données épidémiologiques sur les hépatites virales en Russie. Cependant, en considérant d’une part la situation des usagers de drogue en occident et d’autre part les témoignages des personnes touchées rencontrées sur place, il est impossible de penser que l’épidémie d’hépatites virales, notamment le VHC, soit moins catastrophique que celle du sida. La contamination au vih par injection s’accompagne toujours d’une prévalence des hépatites encore supérieure.

Situation en prison

En prison, selon les chiffres officiels, la séroprévalence est passée de 1 pour 1000 détenuEs en 1996 à 42,1 pour mille en 2003. 36 000 sur 830 400 détenuEs seraient séropositifVes au vih, ce qui représente, selon les chiffres officiels, plus de 15 % des séropositifVES vivant en Russie. 10 % des détenus ont la tuberculose à Saint-Pétersbourg.