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1er décembre 1997

par le sang. par le sperme. par la loi.

lundi 1er décembre 1997

L’année dernière lors du premier décembre Act Up-Paris était seul à proclamer : « l’épidémie n’est pas finie ». Aujourd’hui tout le monde en convient. Le 1er décembre prochain, Act Up-Paris manifeste contre un arsenal légal qui détourne des populations entières de la prévention, des soins et des bénéfices thérapeutiques.

Si Act Up-Paris a déjà eu maille à partir avec un certain nombre de lois, il y a pourtant quelque chose de nouveau dans le fait d’en faire le thème de notre manifestation du 1er décembre.

Il s’agit pour nous de constituer une riposte cohérente à un arsenal légal tout aussi cohérent : faire entendre que des lois répressives sont incompatibles avec la notion même de Santé publique ; faire comprendre qu’à travers le sida, ces lois tuent. Le scénario est sinistre et implacable : des personnes réprimées, harcelée par les forces de polices, sans cesse aux prises avec la justice, auront d’autant moins de chances d’accéder à l’information, de se donner les moyens de se protéger, de bénéficier du système de soins et d’observer correctement des traitements dont on sait les effets catastrophiques chez ceux qui ne les prennent pas avec la rigueur et la régularité requises.

Dans son texte, la loi sanctionne ou pénalise des pratiques — habiter sur le territoire français sans en avoir obtenu l’autorisation ; racoler sur la voie publique, à des fins professionnelles ou non ; consommer des substances non autorisées, pour le plaisir ou par nécessité, etc. Dans les faits, c’est la personne qui se livre à ces pratiques, ou qui y est contrainte, qui est condamnée. Car ces lois, cristallisent des identités, forgent des destins précaires et sans cesse menacés : le sans-papier, la prostituée, le toxicomane — autant de vies fragilisées, exposées aux risques de la maladie et de la mort. On découpe la vie par tranches, et c’est le corps qui se retrouve en morceaux.

Si nous réclamons l’abrogation de certaines lois, c’est aussi parce que nous avons des alternatives à proposer, des exigences à faire entendre. Opposer au dispositif répressif sur la toxicomanie la nécessité d’une légalisation contrôlée des drogues. Opposer à l’idéologie d’une maîtrise des flux migratoires, dont on sait les piètres les résultats, l’idée d’une ouverture des frontières. Opposer à la définition d’un mariage arc-bouté sur le slogan de la différence des sexes la nécessité d’un mariage ouvert à tous ceux qui le désirent, quels que soient leur sexe et leurs préférences sexuelles.

Manifestation le 1er décembre à 18H00 place de la Bastille.