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Ce que Hollande devra dire aux homophobes

vendredi 25 janvier 2013

François Hollande est décidé à recevoir des homophobes ce vendredi. Qu’importent les violences contre les LGBT depuis que la haine s’exprime librement dans les rues, violences dont témoigne SOS Homophobie. Le Président de la République est déterminé à donner sa caution aux responsables de cette haine. Il leur offre ainsi un espace médiatique deux jours avant la manifestation en faveur de l’égalité et explique que recevoir les gens qui nous veulent du mal est partie intégrante de la démocratie.

Nous condamnons toujours ce choix. Nous ne l’oublierons pas, pas plus que les renoncements de ces derniers mois. Cependant, si la volonté sincère du Président de la République est de faire preuve de pédagogie envers les manifestant-es du 13 janvier, de leur « expliquer » le projet, voici ce que nous souhaitons qu’il dise aux homophobes qu’il a choisi de rencontrer vendredi.

« La haine contre les homosexuel-les, les bisexuel-les et les transexuelles, est alimentée par les discriminations légales. Le refus de marier des couples de même sexe, de leur accorder le droit d’adopter, d’ouvrir la PMA aux lesbiennes, de faciliter le changement d’état civil des personnes trans : voilà autant de discriminations légales, qui stigmatisent les lesbiennes, gais, bi et trans (LGBT), qui alimentent la haine à leur égard en affirmant qu’ils et elles sont des sous-citoyenNEs, en niant la réalité de leur vie, de leur couple et de leur famille, en leur imposant l’invisibilité comme seul mode de vie.

Le seul objectif de notre gouvernement et de la majorité est de mettre fin à ces discriminations. En vous opposant à ce projet, vous défendez ces discriminations. C’est de l’homophobie.

Le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, le sexisme ne se limitent pas aux insultes, dénigrements ou violences physiques à l’égard des personnes de couleur, des étrangers et étrangères, des juifs et des juives, ou des femmes. Ces termes englobent aussi tout ce qui produit de la discrimination, tout ce qui infériorise les personnes concernées. Il en va de même pour l’homophobie.

En organisant la manifestation, vous soutenez les discriminations légales contre les LGBT, vous soutenez consciemment ou non la haine à leur égard.

Cette haine a un prix. Les gays et les trans sont parmi les plus touché-es par le sida : ce n’est pas un hasard. C’est bien parce que l’homophobie et la transphobies légales ont bloqué les actions de prévention depuis le début de la pandémie ; c’est bien parce que des personnes LGBT intériorisent la haine que la société leur manifeste, se dévalorisent au point de s’imaginer que leur santé est secondaire et prennent des risques.

Les jeunes LGBT ont 13 fois plus de risque de se suicider que d’autres. Ce n’est pas parce qu’elles et ils seraient plus fragiles. C’est parce que les discriminations légales, les haines véhiculées par des manifestations comme celle du 13 janvier, arrivent à convaincre ces jeunes qu’ils et elles ne sont rien, que leur vie ne vaut pas d’être vécue.

Les peurs que vous exprimez sont irrationnelles : l’intérêt des enfants n’est pas menacé par l’égalité des droits, bien au contraire ; le mariage hétérosexuel n’est pas menacé par l’égalité des droits, bien au contraire.

Si je vous ai reçu-es, ce n’est pas pour cautionner vos peurs irrationnelles qui se traduisent par de la violence et des discriminations envers les LGBT. Si je vous ai reçu-es, c’est bien pour vous dire qu’on ne fonde pas une politique démocratique sur des peurs irrationnelles, qu’en tant que leader d’un mouvement, votre responsabilité est de calmer les peurs qui s’expriment, pas de les alimenter en jetant l’opprobre sur toute une partie de la population. C’est aussi pour vous dire que l’égalité des droits se fera. Nous avons pris trop de retard, nous en sommes en partie responsables et nous en excusons auprès de toutes les forces qui nous ont mis-es au pouvoir. L’homophobie que vous défendez est indigne de tout principe démocratique ».

Rejoignez Act Up-Paris à la manifestation du 27 janvier pour l’égalité,
place Denfert-Rochereau, 13 heures