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Le docteur calo(t)mnie :

réaction aux propos homophobes du Dr Jean-Pierre Calot chef de service des prélèvements à l’Etablissement français du sang de Midi-Pyrénées

jeudi 26 janvier 2012

Avec le docteur Calot, retour à la case départ, retour au « cancer gay ». L’homosexualité, c’est la maladie, c’est le sida. Le sang des homosexuels est malade, il est « dangereux », même si on le prélevait, il faudrait le « jeter », pour « protéger », pour « sécuriser » le don du sang.

En plus de nous infliger ses niaiseries et sa haine, le docteur Calot veut absolument nous informer sur sa vision de la société, il veut absolument nous instruire sur la bonne façon d’utiliser son corps.
Avec lui, on apprend ce que c’est « l’homme normal », on comprend bien que lui, il n’attrape pas le sida, on comprend bien que quand on est « normal » on sait qu’un « vagin est fait pour avoir des rapports sexuels » et qu’un « anus n’est pas fait pour ça ».
On apprend qu’il y a « l’homme normal » qui « marié et père de famille » et les « ersatz de femmes » qui sont des dangers pour la santé publique. Voilà en deux mots toutes la science du docteur Calot, qui entretient visiblement une relation complexe avec la sodomie...

Ces propos écœurants, le docteur Calot, le chef de service des prélèvements à l’Etablissement français du sang (EFS) de Midi-Pyrénées les a tenu ce mardi au micro de Carré d’info une radio toulousaine qui consacrait une émission au don du sang [1]. Heureusement pour nous, en plus d’être haineux, le docteur Calot est bête. On voit bien qu’il en connaît un rayon sur les personnes LGBT. Et il tient à le montrer. Il veut absolument expliquer à tout le monde ce qu’est « un homosexuel, un vrai », que la sexualité lesbienne, eh bien, c’est le « godemiché », que les « travestis » sont des « ersatz de femmes » et que toutes « les associations d’homosexuel-le-s sur le plan national » sont totalement d’accord pour qu’on ne « prélève pas les donneurs ».
Il a sans doute oublié Homodonneur, Elus contre le sida, SOS Homophobie, Act Up Sud-Ouest, Act Up-Paris, Collectif Tous Receveurs-tous donneurs, Inter-LGBT et bien d’autres encore...

Act Up-Paris tient à rappeler que l’exclusion des homosexuels du don du sang est absurde, injuste mais surtout que cette discrimination entretient les pires errances, des politiques, comme Nora Berra pour qui les homosexuels « représentent un facteur de risque pour le VIH » aux médecins incompétents et homophobes, dont le docteur Calot est le plus digne représentant.

En effet, si l’épidémie de VIH/sida est bien en constante hausse dans la communauté homosexuelle, la fenêtre sérologique actuelle permet de prévenir d’éventuelles transmissions, et les précautions liées au questionnaire sur les pratiques (nombre de partenaires, nombre de rapports à risque) est la seule garantie valable de la sûreté des dons.

Nous répétons que le contrôle des dons de sang doit se faire sur la base d’informations fiables (connaissance de son statut sérologique, état de relations non protégées), et non d’interprétations erronées et stigmatisantes des données épidémiologiques. Rien ne justifie l’exclusion de personnes sur la base de leur orientation sexuelle, si ce n’est la volonté ferme et répétée d’insulter ceux qu’on accuse de dévier de la norme.

Par ailleurs, cela revient à entretenir le mythe selon lequel hétéros ne seraient pas exposéEs au risque du VIH, qu’ils/elles n’auraient pas besoin de se faire dépister et qu’il/elles pourraient donner leur sang sans faire courir de risque, quelles que soient leurs pratiques.

Lorsque M. Jean-Pierre Calot parle d’électoralisme à propos des pays qui ont choisi d’ouvrir le don du sang aux homosexuels, il ne comprend pas qu’il s’agit simplement de pays ayant correctement interprété les données épidémiologiques.

Ouvrir le don du sang, c’est lutter contre les discriminations, c’est en finir avec l’amalgame homosexualité-sida, et mettre au cœur du débat ce que sont les pratiques à risque. Si la sodomie non protégée est bien une pratique à risque, elle n’est pas – heureusement pour les hétérosexuelLEs ! - l’apanage des seuls homosexuels, et l’enjeu de santé publique est bien de lutter contre l’épidémie, notamment en rappelant que seul le préservatif et le dépistage régulier protègent efficacement du VIH, quelle que soit le genre des partenaires.