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Aujourd’hui sort le rapport de la mission d’information parlementaire sur les toxicomanies. D’une façon générale, la santé publique est la grande perdante de ce rapport. Celui-ci constate le retour de la consommation d’héroïne, la diffusion de la cocaïne, la prégnance de la polytoxicomanie et la gravité de l’épidémie d’hépatite C. Malheureusement ces constats alarmistes ne débouchent sur aucune proposition concrète.
Manifestement, les rapporteurs ne tiennent aucun compte des résultats obtenus avec la politique de réduction des risques face à la situation catastrophique qui a perduré jusqu’au milieu des années 90.
Le rapport ne s’intéresse ni aux nouveaux usages ni à la réduction des risques en milieu festif, dans les banlieues ou les zones rurales, et encore moins à la lutte contre l’hépatite C, pourtant priorité de santé publique.
La seule proposition novatrice est l’installation de programme d’échange de seringue en prison, en passant à côté du manque actuel de moyens qui condamne la France à ne pas pouvoir remplir les missions de réduction des risques en milieu carcéral qu’elle s’est elle-même fixés... une sorte d’arbre pour cacher la foret, ou plutôt un désert...
Sur les salles de consommation, le rapport se fait à charge. Il est truffé d’approximations, et de généralisations abusives tirées d’exemples particuliers.
Pour n’en citer que quelques uns :
La seule proposition avancée pour remplacer les salles de consommation, est une reprise d’une proposition de la MILDT, la création de maraudes, ces actions où des professionnels parcourent les rues à la rencontre des usagers. C’est un contresens absolu.
Il existe déjà de nombreuses maraudes, et les associations qui les réalisent sont celles qui demandent l’ouverture des salles de consommation parce qu’elles n’arrivent pas à atteindre et à travailler avec les usagers très précarisés.
Contrairement aux salles de consommation qui sont un outil de citoyenneté, en donnant un espace aux usagers pour consommer dignement et proprement, elles les réintègrent physiquement autant que symboliquement dans la cité, les maraudes ne vont pas empêcher de consommer dans des caves, dans les parkings, les cages d’escaliers ou les toilettes publiques.
Ce rapport n’est finalement qu’une occasion manquée, qu’une campagne gouvernementale à moindre frais, une rhétorique biaisée, recyclée, usée, qui ne cherche qu’à défendre la doctrine de la MILDT, et non à trouver des réponses appropriées aux problèmes des usagers de drogues et de la société. L’absence de véritable réflexion sur la politique de réduction des risques reflète bien la nouvelle politique gouvernementale depuis 2007, qui consiste à surtout ne rien faire. Tout ça pour ça...
Communiqué du Réseau Français de Réduction des risques et des co-signataires Act Up-Paris, Asud, Fédération Addiction, Safe, Sos hépatites Fédération, Prévention et Soin des Addictions, Aides, salledeconsommation.fr, Elus Locaux contre le Sida, Elsa France, le Collectif Hypertension, les Élus Santé Publique et Territoires, Syndicat de la Magistrature, ANPAA, Mouvement des Jeunes Socialistes et les Jeunes Ecologistes.
Le Réseau Français de Réduction des Risques est un espace de rencontre et d’échange entre tous ceux qui sont concernés par la réduction des risques et ses dispositifs innovants : acteurs de la société civile (professionnels ou simples citoyens), acteurs de terrain, militants associatifs (drogues, sida, hépatites, humanitaire, lutte contre l’exclusion...), scientifiques, responsables politiques.
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