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Des droits, des lois

Brenda, Ouganda, homophobie d’État

vendredi 1er avril 2011

Activiste de l’association SMUG (Sexual Minority Uganda),Brenda a dû fuir l’Ouganda.Elle est arrivée en Francele 17 février et demande le droit d’asile.

Faire partie d’une minorité sexuelle en Ouganda, c’est être exposéE aux discriminations, aux violences et à la détention. Depuis des années, le président ougandais Yoweri Museveni multiplie les déclarations homophobes et les incitations à la haine envers les lesbiennes, gays, bis et trans’. Il est soutenu par le ministre de l’Éthique et deux évangélistes, liés à la branche évangéliste américaine Family.

Cette dernière a en effet choisi l’Ouganda comme “pays cobaye” pour sa croisade homophobe. À grand renfort de sermons et de dollars, elle a provoqué la résurgence d’une homophobie meurtrière. D’autres représentantEs religieux, dont des musulmans, ont relayé ces prêches anti-homos.

Déjà, en 1999, Museveni ordonnait l’emprisonnement de touTEs les homosexuelLEs. En juin 2008 à Kampala, des activistes de l’association de défense des minorités sexuelles SMUG étaient arrêtéEs lors de la conférence sur le sida. Le 3 octobre 2009, le Parlement ougandais proposait un projet de loi visant à condamner les homosexuelLEs à la prison à vie, avec viols correctifs pour les lesbiennes. Le texte prévoyait la peine de mort pour les séropositifVEs et incitait la population à les dénoncer. La communauté internationale avait alors soutenu les LGBT ougandaiSEs, et s’était soulevée contre ce projet de loi criminel.

Les médias locaux se rendent complices de l’homophobie d’État. À plusieurs reprises des journaux ont publié des photos de personnes identifiées comme étant lesbiennes, gays, bis, ou trans’. Le portrait de Brenda, estampillé “lesbienne”, a ainsi fait la « Une » du tabloïd Red Pepper en octobre dernier. Quelques temps après, elle assistait avec sa compagne à
l’enterrement de David Kato, activiste gay de SMUG, qui a défrayé la chronique.

Des vidéos ont circulé. Depuis, toutes deux ont fait l’objet d’intimidations policières, de menaces, d’exactions et d’agressions. Elles ont été expulsées de leur logement. Brenda a pu s’enfuir en France, mais sa compagne a été arrêtée et incarcérée. Elle est toujours détenue à ce jour.

Brenda a amorcé une procédure de demande d’asile en France. Elle sera
bientôt convoquée à l’OFPRA, afin de prouver que sa demande d’asile a pour origine des persécutions homophobes dans son pays d’origine.

Nous espèrons que le soulèvement international provoqué par les manœuvres assassines récentes du gouvernement et de parlementaires ougandais autour du projet de loi anti-gay, pèsera lourd dans la balance des juges de l’OFPRA.

La haine des minorités sexuelles ne concerne pas que l’Ouganda, mais plus de 80 pays au monde. Dans ces pays qui pénalisent l’homosexualité et dans lesquels les lesbiennes, gais, bis et trans’ sont traquéEs, les gouvernements sont coupables d’atteintes graves aux droits humains et au droit à la santé. Ils ne peuvent pas prétendre lutter efficacement contre le sida tandis que les minorités sexuelles sont exclues des messages de prévention et de l’accès aux soins, voire menacées de la peine de mort comme en Ouganda.

En 2009, la France, par la voix de Rama Yade, s’est vantée d’avoir présenté devant l’ONU une déclaration pour la dépénalisation de l’homosexualité à travers le monde. Cette préoccupation envers les minorités sexuelles persécutées doit se traduire aussi par leur accueil sur notre territoire.

Le 11 mars dernier, une soirée de soutien à Brenda a été organisée par Act Up-Paris à l’Unity Bar. 350 euros ont été récoltés, qui permettront de couvrir une partie des frais d’avocat engendrés par la procédure de demande d’asile, ainsi que les dépenses quotidiennes de Brenda.

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