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Pressions sur les médecins, lobby contre les génériques...

la cupidité des labos tue

jeudi 27 janvier 2011

Ce jeudi 27 janvier, des militantEs d’Act Up-Paris ont manifesté au Pré Catelan (Bois de Boulogne), à l’occasion d’un séminaire organisé par le LEEM (Les Entreprises du Médicament), principal syndicat des firmes pharmaceutiques en France. Pendant deux jours, des représentants de Sanofi-Aventis, GlaxoSmithKline, Pfizer, MSD/Shering Plough, Bristol Myers Squibb, entre autres, se réunissent pour réfléchir aux nouvelles "réglementations juridiques" et aux devoirs de transparences pour les firmes. Les activistes ont remis aux représentants des laboratoires et lu à la tribune le tract ci-après.

L’exclusion du laboratoire Servier du LEEM suite à l’affaire du Mediator ne doit pas nous tromper : le LEEM et ses laboratoires membres mènent plus que jamais à Paris, Bruxelles et Washington une politique d’influence nuisible pour les malades et les États, au Nord comme au Sud.

Collusions et orientation mercantile de la recherche au Nord

Dans les pays du Nord, les politiques de recherche et développement financées par les labos, sont principalement basées sur les profits que vont générer de nouveaux médicaments et non sur les besoins réels des malades. Par exemple, les traitements anti-VHC ne sont testés que trop tardivement sur les séropos coinfectéEs, les résultats sur la population coinfectée n’étant pas assez « vendeurs » dans l’optique de la commercialisation d’une nouvelle molécule.
De surcroît, comme l’a montré le scandale du Mediator, les collusions entre les médecins, l’agence du médicament et les firmes pharmaceutiques mettent nos vies en danger et font exploser artificiellement les dépenses de santé au profit des labos.

Lobby contre les génériques et recul de l’accès aux soins au Sud

Le lobby pharmaceutique exerce de nombreuses pression en faveur de l’accord sur la contrefaçon ACTA et des accords de libre-échange entre l’Inde et l’Europe. Ces accords vont compromettre la production et l’utilisation de médicaments génériques à bas prix. Leurs conséquences seront des plus dramatiques pour l’accès aux traitements dans les pays pauvres.
En Thaïlande, la semaine dernière, le président de l’équivalent du LEEM thaïlandais, après s’être positionné contre la production de génériques, a même porté plainte contre une association de personnes vivant avec le VIH thaï (TNP+).

Nous tenons les administrateurs du LEEM pour responsables de cette situation. Philippe Lamoureux (LEEM/Sanofi), Christian Lajoux (LEEM/Sanofi) et Robert Sebbag (LEEM/Sanofi/Croix Rouge française [1]) lobbient pour leurs profits et contre nos vies.

Aux membres du LEEM et de l’industrie pharmaceutique

Aucun séminaire juridique ne vous évitera de rembourser la dette de sang que vous avez envers nous et la société dans son ensemble.

Lobbying intensif proche de la corruption ; phagocytage du système de santé publique pour vos seuls intérêts ; désinformation systématique concernant la valeur ou les effets indésirables de vos molécules : propagande mensongère pour convaincre que les monopoles sur les brevets financent la recherche, alors qu’ils financent vos seuls profits et que l’innovation réelle n’a jamais été aussi faible ; exclusion de vos essais des femmes, des enfants, des trans’, des usagErEs de drogues pour lesquelLEs on ne connaîtra pas les effets indésirables spécifiques ; prix exorbitants qui empêchent les malades des pays pauvres de sauver leur vie ; refus de mettre à disposition, en urgence, de nouvelles molécules pour les personnes coinfectées au VIH et à l’hépatite C, alors qu’elles en ont un besoin vital ; sacrifice de vos salariéEs à vos bénéfices.

Cela fait des décennies que cela dure. Nous ne le tolérons plus. La société ne le tolérera plus. Au lieu d’imaginer toutes les astuces juridiques pour continuer à assurer vos profits au prix de nos vies et de notre santé :
 Menez une politique de recherche soucieuse du bien-être de touTEs, qui tienne compte des spécificités des femmes, des enfants, des usagErEs de drogues, des trans ;
 Donnez en urgence accès (essais, ATU) aux molécules en développement contre le VHC pour les séropos coinfectéEs ;
 Cessez votre lobby contre les génériques ;
 Baissez le prix de vos traitements ;
 Cessez de mentir sur vos produits, fournissez une information fiable, transparente.
 Rendez publique toutes vos représentations dans les instances de décision.

2011 verra la fin de vos pratiques criminelles. Nous vous le promettons.


[1Act Up-Paris avait déjà dénoncé le conflit d’intérêt concernant Robert Sebbag, administrateur du LEEM et vice-président de Sanofi-Aventis, qui avait représenté la Croix Rouge française lors d’une réunion entre les ONG et Nicolas Sarkozy. Lors de cette réunion, il avait été question de l’accord sur la contrefaçon ACTA, pour lequel Sanofi-Aventis fait pression et dont Act Up-Paris dénonce les conséquences dramatiques sur l’accès au traitement au Sud