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Résultats : vacciter [anrs 094]

samedi 22 mars 2003

Cet essai évaluait une vaccinothérapie chez des patients sous multithérapie antirétrovirale, ayant une charge virale inférieure à 200 copies/ml et des CD4 supérieurs à 400/mm3 depuis au moins un an.

Tous les patients ont reçus en plus de les traitements une préparation vaccinale ALVAC-VIH vCP1433 injectée quatre fois à un mois d’intervalle de. Un mois après la dernière injection, le traitement antirétroviral était interrompu, mais en cas de remontée importante de la charge virale ou de baisse des CD4, les traitements étaient repris.

résultats

Les 48 patients inclus ont tous reçu les quatre injections. Une réponse immunitaire spécifique dirigée contre le VIH a été observée chez 61% des patients au cours de la vaccination. Cette réponse immunitaire est à la fois quantitative et qualitative puisqu’un élargissement du répertoire des cellules CD8 cytotoxiques a été constaté. L’intensité maximale de la réponse immunitaire est survenue après 2 injections vaccinales.

Au moment de l’analyse des données, 10 patients étaient toujours sans traitement et avez une charge virale inférieure à 10 000 copies pour une interruption moyenne de 44 semaines. Les autres patients ont repris un traitement antirétroviral en moyenne après 6,6 semaines. Les antirétroviraux ont été repris plus rapidement (au bout de 6,3 semaines) par les personnes ne présentant pas de réponse immunitaire au moment de l’arrêt des antirétroviraux par rapport aux autres patients bénéficiant d’une réponse immunitaire (au bout de 9,7 semaines). Après 20 semaines d’interruption aucun effet indésirable clinique ou toxicité biologique n’a été observé.

Ces résultats indiquent que la vaccinothérapie a induit une réponse immunitaire spécifique du VIH chez une majorité des patients de l’essai et que cette réponse est plus large, c’est-à-dire plus diversifiée, que la réponse naturelle. La réponse vaccinale maximale a été obtenue après 2 injections, puis a diminué malgré la poursuite des injections. Enfin, l’existence d’une réponse immunitaire spécifiquement dirigée contre le VIH est corrélée à la durée du maintien sous traitement, le contrôle virologique restant modéré.

excès d’optimisme ?

Outre les effets d’annonce de quelques journaux en quête de bon tirage, il nous semble important de revenir sur la mini tempête qui a secoué les standards des différentes associations de lutte contre le sida, le 12 février dernier. Cet essai et un autre, vaccil-2, sont intéressants et encourageants mais ne collent pas entièrement aux commentaires un peu trop optimistes entendus dans les médias.

Il s’agit d’une stratégie encore expérimentale d’immunothérapie vaccinale ou vaccinothérapie. Certes ces essais montrent pour la première fois qu’il est possible d’induire une réponse immunitaire dirigée contre le VIH, chose qu’on ne pensait pas possible. Mais il faut savoir rester modeste. La recherche de doses n’est pas aboutie, l’intérêt de faire des rappels est encore ignoré, les résultats obtenus sont minces et nécessitent des analyses complémentaires. D’autres essais devront confirmer l’intérêt de la vaccinothérapie dans la prise en charge thérapeutique des séropositifs. Enfin, ces préparations vaccinales ne sont pas les seules à faire l’objet de recherche, l’enjeu est de taille, et leur développement dépend du bon vouloir des firmes pharmaceutiques et de l’intérêt financier de ses actionnaires. Ce n’est pas
encore demain que nous pourrons nous passer des antirétroviraux, contrairement à ce qu’à voulu faire croire les gros titres des journaux
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