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Contre le racisme et l’antisémitisme : du concret !

dimanche 31 octobre 2004

Act Up-Paris, les Panthères Roses et Alternative libertaire participeront à la manifestation du dimanche 7 novembre contre le racisme et l’antisémitisme, mais pour des motifs qui ne rejoignent pas ceux de l’appel unitaire.

Discriminations à l’embauche, agressions physiques, attentats contre des lieux communautaires ou de culte... Le climat raciste et antisémite qui progresse aujourd’hui en France est intolérable. Contre cette situation, les discours humanistes et les bons sentiments sont insuffisants.

On ne peut se contenter de croire que « la République » et « les valeurs républicaines » sont un bouclier contre toutes les formes de racisme.

Discriminations légales

Impossible d’oublier que la République française, c’est la fermeture des frontières, véritable machine à fabriquer des sans-papierEs, et c’est l’inégalité des droits sociaux, civiques et professionnels entre FrançaisEs et étrangerEs. Les lois discriminatoires de Pasqua, Debré, et Chevènement ont été autant d’attaques faites aux étrangèrEs. La politique de l’actuel gouvernement, mise en place par Sarkozy, et poursuivie silencieusement par Villepin, est à cet égard particulièrement violente. Elle combine une plus grande fermeture des frontières, une restriction de l’accès au titre de séjour, une précarisation des étrangerEs, et une augmentation planifiée des expulsions. Elle s’est traduite entre autres par :
 la remise en cause du droit d’asile au mépris de la convention de Genève ;
 la précarisation des titres de séjour, notamment par la forte restriction de l’accès à une carte de résident de dix ans, de surcroît conditionnée au critère aberrant d’« intégration républicaine » ;
 l’exclusion sociale des étrangerEs : le RMI qui n’est plus accessible qu’après cinq ans de résidence en France, ou l’Aide médicale d’État (AME) quasiment réduite à néant (les sans-papierEs ayant déjà été excluEs de la Couverture Maladie Universelle par le gouvernement Jospin) ;
 la criminalisation des individuEs et associations venant en aide au sans-papierEs ;
 l’augmentation de 12 à 32 jours de la durée maximum de rétention administrative en vue d’une expulsion ;
 la possibilité donnée aux préfectures de retirer les titres de séjour sans le moindre contrôle judiciaire et d’expulser des étrangerEs en situation régulière soupçonnéEs d’avoir commis certains délits tels que le racolage, ou le travail sans autorisation administrative ;
 l’augmentation des expulsions dont Nicolas Sarkozy a promis qu’elles monteraient à 30000 par an, et la reprise des expulsions groupées par charter.

Ces mesures ont été systématiquement justifiées par une rhétorique xénophobe faisant de touTEs les étrangerEs, des fraudeuSEs ou des délinquantEs potentielLEs.
Cette politique alimente ainsi directement les violences racistes, à commencer par les violences policières qui ont considérablement augmenté, et entraîné plusieurs morts lors d’expulsions.

Il s’agit là d’une politique démagogique misant sur la montée du racisme que le gouvernement n’est pas pressé de combattre.

Exclusion culturelle

La stigmatisation de l’islam, qui consiste à désigner touTEs les MaghrébinEs comme des islamistes et des terroristes en puissance a pour seule conséquence d’exciter le racisme anti-arabe.

Le peu de reconnaissance par l’État des crimes du colonialisme et de l’esclavage, est une insulte permanente aux populations issues de l’immigration et des Dom-Tom.

De même, il a fallu attendre plus de cinquante ans pour que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité directe dans la déportation des JuifVEs ; les jugements des hauts responsables de l’Etat vichyste ont été plus que tardifs (notamment celui de Maurice Papon). Quand, enfin, l’Université a laissé pendant 20 ans s’incruster et progresser en son sein des enseignantEs négationnistes, on ne peut croire à la volonté du gouvernement de s’attaquer au terreau antisémite qui sévit toujours dans ce pays.

L’intégration qu’on nous propose balaie les spécificités culturelles des habitantEs de ce pays en les présentant comme dangereuses. Loin d’apaiser les tensions entre les communautés diverses, « l’idéal républicain d’intégration » tend à gommer de la sphère publique toutes les pratiques culturelles ou religieuses non chrétiennes. Pour autant, cette vision restrictive de la laïcité ne remet pas cause la suprématie culturelle du christianisme : statuts d’exception en Alsace-Moselle et dans les Dom-Tom où les Églises sont toujours étroitement associées à l’État, la plupart des jours fériés correspondent à des fêtes catholiques, etc.

Les lois discriminatoires contre les immigréEs et la dépréciation permanente des cultures non occidentales légitiment les attitudes racistes et antisémites. Les pompeux engagements du gouvernement contre le racisme et l’antisémitisme sont bien dérisoires face à cette réalité.

Exploitation des pays du Sud

L’Union européenne, de par le rôle qu’elle joue à l’OMC, au FMI et à la Banque mondiale, est un des moteurs de la mondialisation capitaliste. Elle participe directement à l’exploitation du Tiers-monde. D’un côté, l’Afrique continue à se débattre dans la misère, tant en raison de règles commerciales scandaleuses que du maintien des dettes publiques vis-à-vis des banques occidentales. De l’autre côté, les pays occidentaux continuent à concentrer les richesses mondiales et utilisent les flux migratoires selon leurs seuls besoins économiques.

Ce n’est pourtant pas en fantasmant sur une illusoire fermeture hermétique des frontières — et encore moins en sous-traitant des camps pour les réfugiéEs et les demandeuSEs d’asile directement en Afrique du Nord ou en Europe orientale — que l’Union européenne pourra continuer à nier cette réalité.

La liberté de circulation et d’installation est une condition indispensable pour cesser de créer des sans-papierEs, de la misère, de l’exclusion. C’est un objectif déterminant pour toutes les revendications antiracistes conséquentes :
 l’égalité des droits entre touTEs les résidentEs de ce pays ;
 la régularisation de touTEs les sans-papierEs ;
 l’abolition totale de la « double peine »,
 le droit de vote pour les immigréEs ;
 une Europe ouverte et respectueuse du droit d’asile ;

La lutte contre la dépréciation des cultures non occidentales et non chrétiennes passe par une politique volontaire éducative contre l’ethnocentrisme et pour la pleine reconnaissance de la responsabilité de l’état français dans les crimes antisémites, coloniaux et racistes passés. Elle nécessite aussi un refus clair des nationalismes et des intégrismes.

Ces exigences sont les pré-requis à une lutte efficace contre le racisme et l’antisémitisme.


Les premiers signataires : Act Up-Paris, les Panthères Roses, l’Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF), la Coordination des groupes anarchistes, Droits devants !!, la Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés (FASTI), la fédération SUD-Aérien, la fédération SUD-Etudiants, la fédération SUD-Rail.

Si vous souhaitez signer cet appel, veuillez nous envoyer un mail


Manifestation à Paris, le 7 novembre 2004 ; départ à 14 heures de République.

Le texte d’appel unitaire est disponible sur le site du MRAP