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Dossier Prévention

Des IST par milliers

mardi 15 juin 2004

Alors que l’adoption du safe sexe par les pédés au cours des années 80 et au début des années 90 ont occasionné une diminution du nombre de diagnostics de gonococcies, de syphilis et des autres d’Infections sexuellement transmissibles (IST) dans plusieurs pays d’Europe de l’ouest, l’augmentation des cas observée ces dernières années en France, en Hollande, en Angleterre ou en Suède indique clairement un infléchissement des pratiques safe, en particulier chez les pédés. Cette recrudescence des IST laisse craindre une augmentation des contaminations par le VIH. En effet, les modes de transmission de la plupart de ces IST sont les mêmes que ceux du sida et on sait que le fait d’avoir une de ces infections favorise la contamination par le VIH. Petite revue de quelques IST fréquentes chez les pédés.

Lymphogranulomatose vénérienne (alias maladie de Nicolas et Favre, LGV).

En avril dernier, on apprenait la réapparition, chez les pédés, d’une maladie presque disparue, la lymphogranulomateuse vénérienne. Les premiers cas détectés en Hollande avaient fait l’objet d’une alerte européenne par l’Institut de veille sanitaire néerlandais. Tous les cas sont intervenus chez des hommes homosexuels de 26 à 48 ans, très actifs sur la scène cuir, en majorité séropositifs. Tous ont rapporté des rapports sans capote avec des partenaires occasionnels et souvent la pratique du fist fucking. Plusieurs cas de cette IST, due à un type de chlamydia trachomatis, ont été depuis découverts en France chez des homos. L’infection occasionne d’abord une lésion 3 jours à 3 semaines après l’exposition, qui guérit spontanément en quelques jours, sans cicatrice ; 2 à 6 semaines plus tard, des atteintes inflammatoires de divers ganglions apparaissent, le plus souvent unilatérales et douloureuses. Les signes cliniques consistent en une inflammation du rectum, des constipations, des saignements et douleurs intestinales. L’infection peut entraîner des complications très sévères au niveau du colon. La lymphogranulomateuse vénérienne se soigne difficilement et nécessite une cure d’antibiotiques d’au moins 3 semaines ; si vous reconnaissez ces symptômes n’hésitez pas à demander à un médecin de faire un diagnostic.

Il est aisé de ce protéger de la lymphogranulomateuse, comme de toutes les autres IST, en utilisant systématiquement le préservatif.

Gonococcies (alias blennorragies ou « chaude-pisse »).

En 1998, l’InVS annonçait la mise en évidence d’une recrudescence brutale des gonococcies, maladie en recul depuis 1987. Le nombre de cas isolés a été multiplié par 1,9 en un an et par 2,7 en Île-de-France ; même si sa progression fut fortement ralentie en 1999 à Paris, elle se maintient depuis à un niveau anormalement élevé. Mais, la surveillance française des IST ne précise pas l’orientation sexuelle des personnes. Si l’on s’intéresse aux 8 % de gonococcies qui sont isolées au niveau de l’anus chez les hommes et qui indiquent avec certitude une contamination par voie homo/bi, leur proportion ne baisse pas. En Angleterre, les gonococcies sont en augmentation et 19 % concernent des gays. Les données non publiées du « Baromètre gay » des années 2000 et 2002 indiquent un nombre inquiétant de gonococcies chez les homos en France (10,4 % et 7,5 %). Aux Etats-Unis, l’augmentation de la fréquence de ces gonococcies chez les pédés est en outre associée à des résistances qui nécessitent des traitements spécifiques. Le taux de résistance des souches aux antibiotiques augmente en France pour atteindre 16 % : on peut supposer que les résistances chez les pédés sont plus nombreuses mais aucune étude n’a encore été menée.

Il est possible d’éviter d’attraper une blennoragie en ayant recours à la capote.

Syphilis (alias petite vérole).

On assiste depuis 2000 à une augmentation des cas de syphilis dont le nombre a pratiquement doublé entre 2001 et 2002. Cette épidémie de syphilis est documentée dans plusieurs pays d’Europe et aux Etats-Unis. En France, plus de 3/4 des cas ont été diagnostiqués en Île-de-France et parmi ceux-ci 98 % à Paris. La proportion d’homosexuels parmi les personnes atteintes s’élève à plus de 80 % (87,4 % en Île-de-France). Plus de la moitié (54,1 %) étaient séropositives pour le VIH et parmi celles-ci 14,3 % l’ont découvert lors du diagnostic de syphilis. L’épidémie concernant principalement les pédés, ses causes sont de toute évidence liés aux pratiques : nombre de rapports non protégés avec des partenaires occasionnels, développement de pratiques à risques et recul du safe-sex. Comme l’augmentation du nombre des autres IST, l’épidémie de syphilis est un des marqueurs du relapse. La syphilis est beaucoup plus contaminante que le VIH et se propage par contact de muqueuse à muqueuse, elle peut se transmettre par les pipes. Mais ce mode de transmission ne peut expliquer à lui seul l’épidémie chez les gays. Parmi les personnes ayant une syphilis à peine la moitié a déclaré avoir toujours utilisé un préservatif lors d’une pénétration anale. La cause de l’épidémie est principalement l’abandon de la capote pour les rapports anaux par beaucoup d’homos. En augmentant la prévalence de la syphilis, ils ont favorisé la diffusion de la maladie.

L’épidémie est si dynamique qu’on ne peut s’en protéger qu’en utilisant des capotes pour les pipes.

Hépatites.

Selon les études, 70 à 80 % des pédés ont rencontré le virus de l’hépatite B (VHB) au cours de leur vie sexuelle. Bon nombre de ces personnes guérissent spontanément. Les autres développent une hépatite B chronique : une maladie grave qui nécessite un suivi régulier et des traitements parfois à vie. L’hépatite B est parfois mortelle. Les personnes co-infectées VIH/VHB risquent davantage de développer une hépatite chronique et l’histoire naturelle de la maladie est accélérée. Ainsi une fibrose (cirrhose) se développe 2 à 3 fois plus rapidement chez des malades co-infectéEs. Afin de ne pas alerter la population, le Ministère de la santé n’a jamais informé clairement des risques de transmission de l’hépatite B. Aucune information spécifique n’est faite en direction des gays. Pourtant un vaccin permet de se protéger efficacement de l’hépatite B !

Quant aux autres hépatites, on peut s’en protéger avec la capote et les gants pour le fist (lire aussi).

Condylomes vénériens (alias papillomavirus, « crêtes de coq »).

Les condylomes sont très répandus dans la population générale (10 %) et sont particulièrement fréquents chez les gays. Les condylomes vénériens se présentent sous la forme de verrues au niveau des parties génitales, au pli de l’aine ou dans la région anale provoquées par un papillomavirus. Ils peuvent être à l’origine de cancers de l’anus. Souvent présents à l’intérieur du rectum leur diagnostic nécessite un examen endoscopique chez un proctologue (on sait que vous adorez ça !). Les condylomes se transmettent lors de rapports sexuels non protégés mais, peuvent aussi se transmettre par simple contact. Le traitement se fait habituellement par cryogénie (azote), électrocoagulation ou laser. Les condylomes sont souvent récidivants. Comme pour les lésions sur le col de l’utérus, certaines pratiques médicales ne sont pas du meilleur effet (diffusion des parties touchées, absence de repères du développement). Il est conseillé de s’adresser à un praticien spécialiste dans le VIH. En ce qui concerne les lésions externes il existe aujourd’hui un antiviral en application locale l’Aldara® crème. Parlez en avec votre médecin.

Pour se protéger des condylomes, une seule pratique : le port du préservatif et les gants pour le fist.

Chlamydia.

Cette IST est très courante, elle est causée par la bactérie Chlamydia trachomatis. La prévalence dans la population générale approcherait les 10 %. Elle se transmet lors de rapports sexuels anaux ou oraux avec unE partenaire infectéE. Les symptômes apparaissent 1 à 3 semaines après l’infection, les hommes peuvent sentir des brûlures au niveau de la région génitale ou lors de la miction. Ces symptômes disparaissent habituellement quelques jours plus tard. Souvent asymptomatique elle est quand même contagieuse et peut causer des complications graves comme des inflammations pelviennes ou de l’appareil génital (testicules, épididyme) et être la cause d’une infertilité si elle n’est pas traitée. On rapporte aussi des cas d’arthrose et d’inflammation des articulations. Le dépistage est très simple (1er jet d’urine). L’infection se traite avec des antibiotiques.

Le recours systématique au préservatif permet de se protéger contre les chlamydiases.

Herpès.

Très fréquent dans toute la population il est labial ou génital, parfois asymptomatique. L’herpès génital est une infection causée par le virus de l’herpes simplex ou HSV. Il existe deux types de virus qui peuvent tous les deux causer des herpès génitaux. Le type 1 le plus fréquent présente habituellement des lésions sur le bord des lèvres prenant la forme de petites vésicules (bouton de fièvre). Le type 2 est généralement la cause de l’herpès génital (parties génitales, anus), peut aussi infecter la bouche et se transmettre lors de rapports sexuels. Des lésions apparaissent cycliquement lors de périodes d’activité virale souvent à l’endroit où a eu lieu la première infection. En France, la prévalence de l’herpès dans la population est proche de 80 %. On peut aussi être porteur de l’herpès sans avoir de symptômes, le virus se localise au niveau de certaines cellules nerveuses tout au long de la vie. La fréquence et la sévérité des épisodes récurrents varie beaucoup et la séropositivité peut augmenter leur fréquence et les aggraver. Un traitement par antiviral (Zovirax® ou Cyclovir®) permet de réduire la durée de la phase active. L’herpes est extrêmement contagieux lors des périodes d’activité virale (celles-ci ne se manifestent pas forcément par la présence de lésions). Au cours de ces périodes afin de ne pas diffuser l’infection il est nécessaire d’éviter de toucher les lésions et de se laver les mains régulièrement. La présence des lésions cutanées favorise la transmission du VIH. Il est nécessaire d’éviter tout acte sexuel jusqu’à la disparition des croûtes et une complète cicatrisation.

Les épisodes contagieux ne se traduisant pas toujours par la présence de lésions, on ne peut se protéger de l’herpès qu’en utilisant le préservatif.