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Dossier

Liverpool, question de générations ?

mercredi 1er septembre 2010

En avril se tenait à Liverpool, la XXème conférence de l’association internationale de réduction des risques (RdR) liés à l’usage de drogues. Le titre : « the next generation », tout un programme.

Cette conférence se voulait être un rappel de la première organisée dans la même ville en 1980, à l’époque cité précurseur de la RdR avec distribution d’héroïne et de cocaïne médicalisées !!! Mais Margaret Thatcher est passée par là, a fermé tous les programmes mis en place et des centaines d’usagerEs de drogues, pour la plupart extrêmment précariséEs, se sont retrouvéEs sans traitement, certainement parce qu’elle les a jugéEs « ni utiles, ni souhaitables ». Voilà pour la petite histoire.

Cette conférence voulait mettre l’accent sur les évolutions de la réduction des risques et montrer qu’une nouvelle génération était arrivée.

Le problème est que cette nouvelle génération n’existe pas. Ni en pensée, ni en personne. Ce qui est proposé est à priori alléchant : discussions sur les dégâts de la répression, sur le besoin de dépénaliser l’usage de drogues, etc. mais dans les faits les vieilles habitudes ont du mal à disparaître. Des scientifiques nous expliquent comment fabriquer de meilleurs filtres pour injecter des drogues mais jamais ils ne se positionnent sur la dépénalisation ou la légalisation des drogues. Ces professionnels démontrent l’importance de la distribution de seringues et des traitements de substitution aux opiacés mais jamais n’accusent les gouvernements de la mort de milliers d’usagerEs de drogues.

Dénoncer, accuser, demander des comptes pour leurs actes. C’est bien ce qui manque à la nouvelle génération de la RdR.

Les militantEs de la RdR sont loin derrière ceux et celles de la lutte contre le sida. Pourtant dans de nombreux pays, les usagerEs meurent encore d’être usagerEs de drogues (contaminations, prison, overdoses, répression...). A Liverpool, étaient présentEs les laboratoires, des politiques, des professionnelLEs mais personne ne fait entendre les milliers de mortEs à travers le monde. La nouvelle génération de professionnelLEs restent bloquéEs dans leurs représentations, ils et elles rationalisent des outils quand nous aurions besoin d’expertEs qui portent la parole de la légalisation des drogues. La nouvelle génération d’usagerEs ne se fait pas entendre, ne milite pas, ne dénonce pas, ne fait pas pression. Elle devrait pourtant s’inspirer de la lutte contre le sida, de cette forme d’activisme qui demandent des réponses et des changements ici et maintenant car des personnes meurent et se contaminent ici et maintenant.

Avec le plaidoyer sur les salles de consommation, c’est cette forme d’activisme qui s’est invitée dans le collectif du 19 mai. Les méthodes d’Act Up-Paris, lobby politique et action choc, se sont intégrées dans le travail des autres associations et ont donné des résultats à des moments charnières. Si Nadine Morano s’est positionnée pour les salles de conso, c’est à l’issue d’un rendez-vous obtenu par un zap d’Act Up-Paris contre le président de la MILDT. Ce que nous avions alors rappelé à Etienne Appaire, et que nous avons expliqué à la ministre chargée de la Famille et de la Solidarité, c’est que les usagerEs de drogues se contaminent toujours par l’hépatite C. Fin août, nous avons réutiliser le savoir faire d’Act Up-Paris au service du collectif, en organisant un zap-phone-fax de Matignon, au lendemain des propos de François Fillon, opposé aux salles de consommation. Ces deux actions ne sont pas des finalités en soi, si elles existent c’est qu’elles permettent de dénoncer des situations, d’ouvrir un dialogue et parfois de convaincre.

Espérons que les activistes internationaLESux s’en inspireront pour faire bouger les choses. L’activisme de la lutte contre le sida a montré qu’on pouvait obtenir beaucoup. Act Up-Paris sera encore présente à la prochaine Conférence de l’IHRA et pourra le rappeler et transmettre ses méthodes.