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Baiser sans capote c’est aussi risquer l’hépatite C

mardi 1er juin 2010

Alors que le risque de transmission sexuelle de l’hépatite C chez les gays est identifié depuis plusieurs années, l’INPES publie enfin, en 2010, une brochure d’information.

Depuis 2006, Act Up-Paris alerte sur le risque de transmission sexuelle de
l’hépatite C chez les gays. Il aura fallu plus de quatre longues années pour
que l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (INPES) accepte enfin de produire une brochure d’information qui traite spécialement du sujet.

Jusqu’à présent, Act Up-Paris avait seulement obtenu, l’année dernière,
qu’une carte d’information sur les Infections sexuellement transmissibles
(IST)
aborde le sujet de l’hépatite C. En 2008, alors que l’INPES n’était pas en mesure de produire la moindre campagne de prévention spécifique pour les gays, nous avions exigé et obtenu qu’il finance une campagne associative sur le sujet.

Hormis l’information produite par le SNEG, force est de constater que les associations n’ont guère souhaité aborder ce sujet alors même que l’infection par le VHC concerne de nombreuxSES séropos qui baisent sans capote et que les données épidémiologiques s’accumulent. Aides a ainsi attendu 2009 pour commencer à délivrer une information sur le sujet dans ses publications.

Silence = Mort

Cette attitude est incompréhensible. Il y a une réelle incohérence à prétendre vouloir s’occuper des gays qui baisent sans capote et ne pas leur délivrer l’information qui les concerne au premier chef. Dans une réunion
de préparation du programme national de lutte contre le sida, un représentant de cette association nous expliquait que communiquer sur ce risque présenterait un risque de stigmatisation...

Nous pensons au contraire, que ne pas communiquer un problème de santé aux personnes concernées, ce n’est pas leur rendre service. Surtout, depuis l’enquête HEPAIG menée en France par l’InVS, il est avéré que la transmission sexuelle de l’hépatite C chez les gays ne se limite pas aux pratiques dite « hard » ou SM.

Pénétration anale = Capote

Si certains facteurs de risque de transmission sexuelle nécessitent encore d’être éclaircis, la pénétration anale non protégée est directement associée au risque de transmission du VHC. Parmi les participants de l’enquête HEPAIG, plusieurs personnes infectées ne présentaient ni les facteurs de risques habituels (partage de pailles pour le snif, usage de drogue par voie injectable, tatouage, ou transfusion sanguine), ni pratiques hards, ni pratiques du fist fucking.

Ainsi, c’est bien lors de pénétrations anales non protégées que la contamination intervient. Il y a plusieurs explications possibles. Lors d’une pénétration anale, les muqueuses rectales peuvent être lésées, ce qui constitue une porte d’entrée pour le virus de l’hépatite C. L’usage de godes et le fist ainsi que le nombre des pénétrations augmentent ce risque tout comme la présence d’IST qui sont fréquentes parmi les personnes qui ont des rapports non protégés.

Pour ce qui concerne les vecteurs de transmission, on s’est aperçu que le virus de l’hépatite C pouvait être présent dans le sperme chez les personnes co-infectées. Mais la transmission peut également intervenir lorsqu’une même personne passe d’un cul à un autre sans préservatif ou sans gants ou sans en changer. Ainsi, l’InPES conseille également aux adeptes du fist fucking d’éviter de partager le même pot de lubrifiant. Outre l’usage de la capote et des gants, il est aussi recommandé de se faire dépister puisqu’une hépatite C traitée quelques mois après l’infection présente plus de chance d’être guérie qu’une hépatite chronique installée.

Ignorance = Danger

D’autres recherches menées à partir d’une étude génétique des virus transmis ont permis de mettre en évidence que cette épidémie d’hépatite C chez les gays n’est sans doute pas nouvelle. Elle aurait pris une ampleur particulière vers 1999 au moment de la recrudescence des rapports non protégés de ces hommes. Les cas concernent principalement des séropositifs. Quelques cas de transmission sexuelle ont cependant été documentés chez des séronégatifs. Il est probable que cela soit lié au fait que les mecs qui barebackent sont plus souvent séropositifs.

Dans un contexte où on entretient l’idée qu’une charge virale indétectable du VIH pourrait nous permettre de baiser sans capote, il est tant que l’on rappelle un des risques majeurs associés à des pratiques à risque. Après l’hécatombe liée au sida, voulons-nous que la communauté soit ravagée par l’hépatite ?


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