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Hépatite C : épidémie hors de contrôle

Act Up déverse 260 foies sur les marches du ministère de la santé

mercredi 19 mai 2010

Ce matin de la journée mondiale Hépatites, une vingtaine de militantEs d’Act Up-Paris ont déposé 260 foies sur le perron du Ministère de la Santé pour symboliser les 2 600 morts par an dus à l’hépatite C en France. Act Up-Paris dénonce les effets d’annonce de Roselyne Bachelot-Narquin qui masquent le manque de volonté politique du gouvernement de venir à bout de cette épidémie.

4 400 contaminations par an dont 70% sont des usagerEs de drogues, 2 600 morts par an, plus de 22 0000 porteurs chroniques, dont la moitié ne connaissent pas leur contamination. Ce ne sont pas les chiffres du sida des années 80, mais ceux de l’hépatite C en 2010.

Or, à tous les stades de la prise en charge de la maladie, prévention, dépistage, traitement, l’engagement du gouvernement est insuffisant :

 Au niveau de la prévention pour les usagerEs de drogues, la réduction des risques est la portion congrue face à une répression omniprésente, qui empêche souvent les équipes en place de travailler. Alors qu’il faudrait étendre la réduction des risques à tout le territoire et développer de nouveaux dispositifs (salles de consommation de drogue à moindre risque, programmes d’échange de seringue en prison...), le gouvernement préfère une guerre aux effets dévastateurs contre les usagerEs de drogues.

 Plus on attend pour dépister et traiter la maladie, plus les dommages du virus sont irréparables, plus les personnes peuvent en contaminer d’autres sans le savoir. Or 30% des centres de dépistage (CDAG) ne dépistent pas l’hépatite C, et les centres (CAAURD, CSAPA) qui travaillent avec les usagerEs de drogues n’ont pas les moyens de mettre en place un dépistage dans leur locaux, avec des usagerEs qui n’iraient de toute façon pas fréquenter un CDAG.

 Le traitement de cette maladie, aux forts effets secondaires, ne peut être mis en place que s’il y a un logement. Or l’hépatite C qui est pourtant une maladie de la précarité (les personnes relevant des minimas sociaux ont une prévalence 3 fois supérieure à la population générale) ne donne pas droit à un appartement thérapeutique. Les personnes précaires sont donc exclues de fait des soins.

 Les personnes qui auraient le plus besoin des nouvelles molécules, celles qui sont en danger de mort, telles les personnes cirrhosées, ou co-infectées VIH (35% des personnes vivant avec le VIH ont aussi le VHC et seulement 25% d’entre elles répondent aux traitements actuels), sont exclues des essais thérapeutiques qui pourraient sauver leur vie.

Act Up-Paris exige :
 que le ministère de la santé mette le même zèle et la même somme d’argent dans la lutte contre l’hépatite C que dans la lutte contre la grippe A (près de deux milliards d’euros),
 que le gouvernement arrête la guerre contre les usagerEs de drogues, développe la réduction des risques sur tout le territoire et mette en place de nouveaux dispositifs,
 qu’il donne les moyens aux CDAG et aux centres travaillant avec les usagerEs de drogues de pouvoir dépister l’hépatite C,
 que les malades aient accès à un appartement thérapeutique pour se soigner,
 que les personnes cirrhosées ou co-infectées VIH puissent intégrer les essais de nouvelles molécules dès la phase 2.


Un dossier de presse est accessible.