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edito

janvier 2010

Depuis plusieurs mois, les rumeurs circulent, viennent et repartent, inquiètent plus que n’informent. Si nous ne nous mobilisons pas, alors ce qui se passe aujourd’hui risque d’être les prémices d’une vraie privatisation des soins.

La loi HPST, votée le 19 mars 2009, commence à se faire sentir. Pierre angulaire de la loi HPST, les agences régionales de santé (ARS) seront mises en place dans les mois à venir, et auront pour mission de piloter au niveau régional le système de santé (hôpital, médecine de ville et secteur médico-social). Cette mise en place imminente provoque bien des remous, au sein des services hospitaliers, et pas seulement dans les départements de médecine infectieuse. De quoi tenir un vrai carnet de bal ; entre la valse des services VIH, chirurgie digestive et cancérologique, au sein de l’hôpital Pompidou, le tango des services pédiatriques de Necker et St Vincent de Paul, ou les strip-tease des hôpitaux d’Avicennes et de St Joseph, qui se départissent de leurs files actives de personnes vivant avec le VIH. Le final revenant au projet de groupement hospitalier universitaire Sud (GHU) qui veut rassembler au sein de l’Hôtel Dieu, toute la prise en charge de la région Paris-Sud, en un grand centre de consultations ambulatoires.

A priori, nous ne sommes pas contre un regroupement des services, si cela peut améliorer la prise en charge, par une meilleure concertation des spécialistes qui nous suivent. Mais les projets dont nous avons eu connaissance ne semblent pas avoir les mêmes objectifs. En toile de fonds, la rentabilité ! Il s’agit pour l’hôpital d’accueillir des services qui ne coûtent rien, comme les consultations ambulatoires, ou qui rapportent, comme la chirurgie cardiaque, et dans le même temps de se séparer des services qui ne sont pas rentables, comme le VIH, ou qui sont coûteux comme les hospitalisations. Au-delà de ces aspects économiques, se profile la disparition d’un service public de santé. Et ce n’est pas nouveau, l’application de la T2A indique clairement l’orientation que se sont donnés les politiques de santé publiques depuis plusieurs années.

Les mouvements de restructuration qui agitent les services VIH partout en France, ne semblent pas être organisés et inquiètent par leur absence totale de clarté. Les malades, les médecins, les associations ne sont pas concertés, tout se joue « au-dessus » et dans une relative urgence. La mise en place des ARS avant la fin du premier trimestre 2010 pousserait-elle les Conseils d’Administration hospitaliers à faire le ménage avant la perte relative de leur liberté d’action ? Nous ne laisserons pas la qualité des soins et les acquis obtenus se faire balayer par des restrictions budgétaires. Le risque c’est aussi le démantèlement d’équipes médicales et paramédicales qui fonctionne. Si le service VIH à Pompidou doit être déplacé, les consultations du soir, mises en place par le Pr Kazatchkine, doivent être maintenues, or ce n’est pas le cas dans le projet actuel. De même, il est question de « déplacer » à l’Hôtel Dieu une file active de 5300 malades répartis entre Cochin, l’HEGP, St Vincent de Paul, Necker, Pasteur, St Joseph, alors qu’aujourd’hui seuls 220 personnes y sont suivies. Comment ce « Projet VIH ambulatoire Hôtel Dieu » peut-il se mettre en place dans des délais aussi courts que les quelques mois envisagés ?

Nous attendons une rencontre avec l’AP-HP, et les Corevih d’Ile-de France, afin d’obtenir des réponses à nos nombreuses questions, d’être entendus, et de défendre l’intérêt des personnes vivant avec le VIH. Nous encourageons l’ensemble des malades à se renseigner auprès de la direction de leur hôpital. Il est important de rappeler aux gestionnaires hospitaliers que derrière les chiffres, se trouvent des personnes, des malades, qui méritent d’être prises en considération. Restons mobilisés, restons informés.