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Budget sida en Afrique : Sarkozy va t-il se plier au nihilisme budgétaire de Fillon ?

mercredi 2 juillet 2008

Ce vendredi 4 juillet, Nicolas Sarkozy consultera Act Up-Paris et les autres ONG afin d’arbitrer sur le budget d’aide à l’Afrique 2009-2011. George Bush attend en effet Nicolas Sarkozy sur ce point dès le 7 juillet au sommet d’Hokkaido. François Fillon et Eric Woerth pressent Nicolas Sarkozy d’abandonner ses promesses d’aide à l’Afrique, arguant que la France n’en a plus les moyens, suite aux 15 milliards d’euros de cadeaux fiscaux faite aux français les plus aisés. Pourtant, Nicolas Sarkozy a pris personnellement des engagements précis envers les malades africains, durant le dernier sommet du G8 : " Je me suis engagé à l’accès universel au traitement sida d’ici 2010 ", " le G8 s’est engagé à financer la santé en Afrique à hauteur de 60 milliards de dollars au cours des prochaines années ".

Il y a à peine 15 jours encore, la France déclarait devant l’ONU à New York que " la mobilisation et l’engagement politiques sont les principaux moteurs de la lutte contre le SIDA " et que " il ne faut épargner aucun effort dans la lutte contre le SIDA" [1].

Nihilisme budgétaire

Selon les fuites révélées par le Financial Times hier le 30 juin 2008, Nicolas Sarkozy et ses homologues du G8 s’apprêteraient à revenir sur leur engagement d’il y a 3 ans d’un traitement pour tous les malades du sida d’ici 2010. D’après les informations d’Act Up, le sherpa français Jean-David Lévitte serait sous pression de François Fillon pour renier les engagements d’aide exprimés par le Président. Matignon indique par exemple que les 30 millions d’euros promis par le président au sommet de la FAO début juin contre la crise alimentaire mondiale ne pourront pas être versés, " faute de marges budgétaires ". Le budget de l’Elysée, lui, a pu être augmenté de 8% à 35 millions d’euros.

Dans les autres pays du G8, c’est la situation inverse que l’on observe : le rôle des budgétaires est de trouver les moyens de tenir les engagements du président, pas de fabriquer des trahisons en rafale. Ainsi, l’annonce de George Bush d’un doublement de l’aide sida à Afrique s’est traduite par la présentation, et l’adoption le 2 avril dernier à la Chambre des Représentants, d’un budget de plus de 50 milliards de dollars sur 5 ans (selon le FMI, l’économie américaine ne représente que 7 fois celle de la France).

De même, Silvio Berlusconi a annoncé le 19 juin la mise en place d’une taxe sur les super-profits des entreprises pétrolières (en France, Total réalise par exemple plus de 12 milliards d’euros).

"Act Up va rencontrer Nicolas Sarkozy vendredi à l’Elysée " rappelle Khalil Elouardighi, responsable de l’international à Act Up. " Nous lui demanderons s’il est exactement comme son prédécesseur, une simple machine à produire des promesses jamais suivies d’effet, ou si, comme il aime à s’en targuer, il fait ce qu’il dit, en particulier quand 33 millions de séropositifs à qui il a promis un traitement sont dans la balance. "


[1Discours de la France durant les Rencontres de Haut Niveau des Nations Unies sur le sida, 7-9 juin 2008.