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toxicomanie : la France encore à la traîne

mercredi 14 septembre 2005

Le Luxembourg est le septième pays européen à ouvrir une salle de consommation. La France, avec l’Italie, reste le pays le plus réactionnaire en Europe dans son refus idéologique de toute expérimentation de lieux d’accueil pour usagers de drogues, disposant d’un espace pour la consommation, encadré par des professionnels du soin et de la réduction des risques.

Après l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège et la Suisse, le Luxembourg est, depuis le 4 juillet dernier, le septième pays européen (et le 5ème de l’UE) à ouvrir un lieu d’accueil pour usagers de drogues, disposant d’un espace pour la consommation, encadré par des professionnels du soin et de la réduction des risques. Parmi les pays frontaliers de la France, seule l’Italie de Silvio Berlusconi reste aussi réactionnaire que la France dans son refus idéologique de toute expérimentation. Une nouvelle étude menée par Bernard BERTRAND de l’association LUDIC (Mulhouse) fait le point sur les 87 lieux en service dans le monde et relance le débat.

Les avantages de ces lieux sont connus :
 Pour les usagers de drogues : accéder à un espace calme, propre, encadré par une équipe de professionnels (médecins, infirmiers, urgentistes, etc...) qui permet de réduire les risques sanitaires liés à l’injection (VIH, hépatites, infections, septicémies, surdoses...).
 Pour les habitants des quartiers concernés : l’existence d’un tel lieu permet de réduire la consommation de drogues dans les espaces publics et les cages d’escaliers, elle permet également de réduire les déchets potentiellement contaminés (seringues).
 Pour les professionnels : ces espaces, parce qu’ils offrent un service directement attractif pour les usagers actifs, permettent de rentrer en contact avec les usagers ayant le plus de difficultés à entamer un parcours vers les soins.

Créer de tels espaces est de toute façon la continuation logique de la politique menée en France en matière de réduction des risques liées à l’usage de drogues. Comment, en effet, se satisfaire de la diminution de la prévalence du VIH parmi les usagers de drogues quand on sait que la prévalence de l’hépatite C est, elle, en pleine explosion, avec des taux allant de 70% à 90% parmi les usagers injecteurs qui fréquentent les structures de soins ? Comment se satisfaire d’une distribution de seringues propres si c’est pour envoyer les usagers les utiliser dans des lieux aussi déplorables, sur un plan sanitaire, que des toilettes publiques ou des caves ?

Pourtant, en France, aucune réflexion n’a été initiée de manière officielle et c’est finalement, le secteur associatif qui, une fois de plus, prend l’initiative et fait avancer la connaissance. L’étude de Bernard BERTRAND est accessible sur le site de LUDIC

Dans les sept pays européens sus cités, ainsi qu’au Canada et en Australie, les études et réflexions menées ont abouti à la création d’espaces de ce type. Combien de temps la France pourra-t-elle éviter de se poser sérieusement la question ?

Act Up-Paris exige qu’une réflexion soit rapidement lancée en France sous l’égide des instances en charge de ces questions au plus haut niveau : MILDT, OFDT, INSERM, ANRS...