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Femmes sous répression

mardi 1er février 2005

Depuis novembre dernier, Grisélidis (à Toulouse) et Cabiria (à Lyon), associations de santé communautaire avec les travailleuses du sexe, ont de nouveau dénoncé les conséquences désastreuses de la loi pour la sécurité intérieure et exigé son abrogation.

La Loi pour la sécurité intérieure (LSI), en application depuis le 18 mars 2003, a pris entre autres pour cible les prostituéEs, notamment en aggravant les peines pour racolage et en introduisant des procédures d’expulsion spécifiques pour les personnes en situation irrégulière. Si les forces de l’ordre n’ont pas attendu le vote de cette loi pour s’attaquer aux travailleurSEs du sexe, ce texte a donné un blanc-seing à leurs abus et les a entérinés. Deux ans après le vote de la LSI, la situation n’a cessé d’empirer : confiscations régulières de papiers d’identité et de préservatifs, refus d’enregistrement de plaintes, arrestations à la sortie des bus de prévention, fouilles et gardes à vue abusives, harcèlement, violences répétées, viols...

Rafle de 34 femmes en une nuit

A Toulouse, face à cette situation catastrophique, Grisélidis a réagi et a lancé en novembre dernier une pétition pour demander l’abrogation de la LSI. Dans le communiqué « la guerre aux femmes bat son plein », elle dénonçait la rafle à Toulouse, dans la nuit du 23 au 24 novembre 2004, de 34 femmes et rappelait que son « travail de prévention ne peut résister à toute cette violence institutionnalisée, à l’insécurité physique et psychique, à la clandestinité, à l’humiliation et à la dévalorisation de soi, incompatibles avec le souci de protection de soi et des autres, et avec un projet de vie. Comment ne pas constater depuis deux ans les conséquences désastreuses de ces persécutions ? ».

À Lyon, la situation est tout aussi effroyable. Cabiria a mis en lumière la stigmatisation dont sont victimes les travailleuses du sexe étrangères. Pour faire aboutir leurs demandes d’asile, ces dernières doivent justifier d’une domiciliation. Mais, les préfectures refusent de reconnaître tous les certificats de domici-liation émis par Cabiria au motif que seule une adresse personnelle est prise en considération. Or, ces personnes vivent pour la plupart à l’hôtel et aucun hôtelier n’accepterait de déclarer héberger une prostituée étrangère par crainte de poursuites judiciaires. Les préfectures, obsédées par les consignes de lutte contre l’immigration clandestine ordonnées par de Dominique de Villepin, interdisent de fait aux étrangères un accès aux droits sociaux par suite à la santé, et les maintiennent volontairement dans une situation irrégulière. Cabiria est alors contrainte de recourir à la désobéissance civile pour porter assistance aux demandeuses d’asile.
La situation sanitaire et sociale des prostituées est désastreuse. Il n’y a pas lieu d’attendre pour exiger l’abrogation de lois contraires au droit d’exister. Act Up-Paris s’associe aux actions de Grisélidis et de Cabiria et exige l’abrogation immédiate de la LSI.


Grisélidis publie le calendrier des procès intentés aux prostituées. Elle invite les personnes habitant la région toulousaine à se rendre au Tribunal de grande instance de Toulouse (allée Jules Guesde) pour observer le déroulement de ces procès et témoigner de leur solidarité avec les travailleurSEs du sexe inculpéEs de racolage. Les prochaines dates connues sont :
 1er février, 8 h 30, 3ème chambre ;
 4 février, 14 h, 6ème chambre ;
 10 février, 8h30, 5ème chambre ;
 1er mars, 8 h 30, 3ème chambre ;
 10 mars, 8 h 30, 5ème chambre ;
 30 mars, heure à déterminer.

Ce calendrier sera mis à jour sur le site Main Courante.
Pour plus d’informations : asso.griselidis@free.fr.

De son côté, Cabiria poursuit la publication depuis 2002 d’un « journal des répressions » dans lequel sont consignées les exactions policières à l’encontre des prostituées.
Ce journal est disponible sur le site de l’association.