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Le Maroc matraque les malades, la France les menotte aux radiateurs

mardi 3 février 2004

Vendredi 31 janvier 2004, une dizaine de militants d’Act Up était arrêtée pour avoir manifesté devant l’ambassade du Maroc à Paris. Cette action était organisée en réaction à la violente intervention à Rabat des forces de l’ordre marocaines contre la coalition pour défendre le droit aux soins et à l’accès aux médicaments.

Depuis plus de quatre ans, par la voix de Jacques Chirac, celle de François Loos, la France ne cesse de revendiquer son engagement pour l’accès aux médicaments génériques dans les pays en développement. Les déclarations du chef de l’État Français ou de ses ministres sont des modèles de rhétoriques humanitaires.

Pourtant, quand les États-Unis imposent au travers d’accords de libre échange, une protection de la propriété intellectuelle dans les pays en développement largement au-delà des standards internationaux de l’OMC, Jacques Chirac et son gouvernement se taisent.

L’effet de ce renforcement de la propriété intellectuelle aura pour conséquence de réduire la production locale et l’utilisation de génériques dans des pays où les malades ne sont pas en mesure de payer les prix imposés par les multinationales.

De telles mesures vont à l’encontre de la déclaration « ADPIC et santé publique » signée à Doha en 2001 par l’ensemble des États membres de l’OMC, dont la France et les Etats-Unis. Au sein de l’OMC, ces pays se sont engagés « à interpréter et [mettre] en œuvre » l’accord ADPIC « d’une manière qui appuie le droit des Membres de l’OMC de protéger la santé publique et, en particulier, de promouvoir l’accès de tous aux médicaments ». Aujourd’hui, les Etats-Unis renient leurs engagements et désavouent les accords internationaux. Lorsque la société civile marocaine réagit à un accord de libre échange qui menace directement la santé de la population en organisant un rassemblement pacifique devant le parlement, le gouvernement marocain choisi de le disperser par la force. Ainsi, mercredi 28 janvier plusieurs des manifestants matraqués ont dû être transportés à l’hôpital de Rabat.

Lorsque les militants d’Act Up manifestent en solidarité avec les malades marocains devant l’ambassade du Maroc à Paris, la police française les arrête. C’est ce qui s’est produit vendredi après midi : détention au-delà des délais légaux de vérification d’identité, menottage des militants à des radiateurs pendant près de 6 heures, fouille « à corps », transmission de l’identité de tous les militants aux services de sécurité marocains, etc.

Act Up-Paris exige de Jacques Chirac qu’il condamne publiquement ces atteintes aux droits élémentaires que sont l’accès aux médicaments et la liberté de manifester.