Accueil > Traitements Recherche > Essais cliniques > Nos informations & commentaires > Vaccin théraupeutique : mise au point

Vaccin théraupeutique : mise au point

lundi 3 mars 2003

Le 12 février 2003 un article publié dans Le Parisien sous un titre racoleur provoquait de multiples remous. Nous y revenons afin de casser cet effet d’annonce dévastateur.

L’article paru dans l’édition du Parisien daté de mercredi 12 février intitulé « Enfin un Vaccin pour les malades du sida ! », signé par Marc Payet est une compilation d’erreurs et d’approximations dangereuses que nous tenons à dénoncer publiquement. La première erreur de cet article concerne l’utilisation abusive du terme « vaccin curatif ». En aucun cas, les travaux de l’ANRS ne permettent d’aboutir à ce genre de conclusion. Il s’agit en fait d’une stratégie expérimentale d’immunothérapie vaccinale ou vaccin thérapeutique.

Les résultats présentés par l’ANRS à la Conférence internationale sur les rétrovirus (CROI) qui s’est tenue à Boston du 10 au 14 février, sont effectivement intéressants. Les deux essais de vaccinothérapie (Vaccil-2 et Vacciter) présentés montrent pour la première fois qu’il est possible d’induire une réponse immunitaire dirigée contre le VIH chez certains participants. Cette réponse immunitaire est associée à un degré de contrôle de la charge virale. Les résultats confirment l’intérêt de poursuivre l’évaluation de la vaccinothérapie chez des personnes infectées par le VIH et devront être suivis de nombreux autres essais sur un nombre important de séropositifs avant que de pouvoir réellement valider cette nouvelle stratégie thérapeutique. Il ne s’agit donc là que de la validation d’une hypothèse de travail et non de la découverte d’un vaccin miracle.

Excès d’optimisme

Au regard des chiffres et des résultats présentés, tout excès d’optimisme, à l’image de ce que nous avons pu lire dans le Parisien ou ailleurs nous paraît déplacé. Ce genre d’effet d’annonce va sans aucun doute susciter de faux espoirs chez les malades du sida, notamment chez ceux qui subissent un traitement très lourd, et risquer d’encourager le développement des pratiques à risque qui sont en constante augmentation dans tous les segments de la population française. Il n’est pas question pour le moment, que les personnes séropositives puissent abandonner leurs traitements en les substituant par les préparations présentées. Au mieux, ces stratégies permettront-elles de pouvoir interrompre de façon plus ou moins longue les trithérapies, permettre à l’organisme de « se reposer » des nombreux effets indésirables qui sont le prix à payer pour un contrôle du VIH et de booster le système immunitaire déprimé.

Car, et c’est là l’intérêt de ces résultats, les préparations testées visent à agir directement sur le système immunitaire. L’utilisation du terme « vaccin » s’explique par le fait que le processus de recherche développé par l’ANRS s’apparente à l’approche utilisée dans la vaccination préventive. « Classiquement, un vaccin induit une réponse immunitaire chez une personne non-malade afin de la protéger contre une maladie spécifique. Ainsi, si cette personne est ultérieurement en contact avec un virus ou une bactérie responsable de cette maladie, son système immunitaire élimine l’intrus et la maladie ne se développe pas. Il n’existe aujourd’hui aucun vaccin préventif contre le sida. Cependant, de nombreux travaux de recherche ont permis de mettre au point des préparations vaccinales induisant des réponses immunitaires spécifiquement dirigées contre le VIH chez des personnes séronégatives qui se prêtent à des essais de vaccin préventif. Chez les personnes infectées par le VIH, ces préparations pourraient aider le système immunitaire à mieux lutter contre le virus en le poussant à produire un plus grand nombre de cellules tueuses spécifiquement dirigées contre le virus » (tiré de la lettre d’information destinée aux patients que l’ANRS diffusera dans tous les CISIH de France).

Pour en savoir plus, le dossier de presse de l’ANRS « Vaccinothérapie : premiers résultats positifs » est disponible derrière ce lien.