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INPES : déjà 2 ans de vacances

vendredi 10 juillet 2009

Ce vendredi après-midi, une quinzaine de militantEs d’Act Up-Paris ont fait relâche à la plage de l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé (INPES). Draps de bain, lunettes et paréos : la prévention est en congés annuels... depuis 2 ans !

En effet, cela fait plus de 2 ans que l’État est en vacances de prévention du sida, et particulièrement de campagnes ciblant les gays. Pourtant, les contaminations ne diminuent pas dans cette population, loin s’en faut : en 2 ans d’inaction de l’État, ce sont près de 4500 homosexuels qui se sont infectés par le VIH. Qu’attendent les pouvoirs publics pour réagir ? La fin des vacances ?
Thanh Le Luong, la directrice générale de l’INPES, s’est entretenue avec des militants d’Act Up-Paris, mais a refusé de s’expliquer devant la presse sur la vacance de prévention sida. Nous attendons donc toujours de sa part une réponse officielle à notre lettre ouverte et un engagement public de relancer la prévention du VIH et des campagnes ciblées gay.

Chez les homosexuels comme chez les hétérosexuels, l’été est pourtant propice aux rencontres et aux prises de risques sexuelles, ce qui nécessiterait des alertes renforcées sur les précautions à prendre pour se prémunir du sida et des autres Infections Sexuellement Transmissible (IST), ainsi que sur les idées reçues sur ces maladies, qui font prendre des risques à force de penser pouvoir les réduire.

À la place, nous avons droit de la part de l’Etat à une campagne débile et coûteuse faisant la promotion du sigle IST, semblant tout droit issue d’un livre pour enfants…

Cet été encore, aucune campagne de prévention ciblée gay n’aura été commandée par l’INPES. Le groupe d’experts « prévention homo » ne s’est pas réuni depuis près de deux ans, période durant laquelle l’INPES n’a produit aucune nouvelle campagne en direction de la population homosexuelle. Ni consultation, ni réunion, ni nouvelles campagnes ciblées. Rien.

Nous avions donc interpellé publiquement Thanh Le Luong, directrice générale de l’INPES, qui a manifestement préféré garder le silence plutôt que de répondre à une question aussi urgente que la lutte contre le sida chez les homosexuels.

Nous avions ensuite interpellé Roselyne Bachelot-Narquin, qui préfère visiblement couper les crédits de l’État au Centre LGBT de Paris que de se préoccuper de prévention ciblée.

Quand donc le gouvernement le comprendra-t-il ? Relancer la prévention parmi la population gay est une urgence de santé publique. En deux ans d’inaction de l’INPES, près de 4500 homosexuels se sont contaminés. Combien faudra-t-il encore de malades pour que l’État réagisse et que des campagnes ciblées et explicites voient le jour ? Ce n’est certainement pas au rythme de deux campagnes générales par an que l’on sensibilisera toutes les cibles de la population. Or, au sein de la communauté gay, les enjeux sont multiples : informer les jeunes homos, chez qui le nombre de nouvelles contaminations explose ; contrer les fausses croyances et des idées reçues, qui vont bon train dans la communauté ; alerter les séropositifs qui se surinfectent par des souches virales résistantes ou se co-infectent avec des hépatites… Pourtant depuis deux ans, rien n’est dit aux homos. L’Etat se tait. L’Etat les ignore. Ce faisant, une fois de plus, dans le silence, il fait le jeu de l’épidémie.

C’est le sens de la campagne sur la prévention qu’Act Up-Paris a lancée à l’occasion de la Marche des Fiertés LGBT. Cette campagne porte sur deux stratégies de “réduction des risques” de contraction du virus. D’une part, les rapports non protégés avec des personnes de statut sérologique supposé identique. D’autre part, le récent avis du Conseil national du sida (CNS) sur “l’intérêt du traitement comme outil novateur de lutte contre l’épidémie de sida” qui a fait l’objet d’extrapolations hâtives. Ce genre de campagne devrait être du ressort de l’INPES et non d’associations comme Act Up-Paris.

Act Up-Paris réitère donc les exigences qu’il avait adressées il y a peu à Thanh Le Luong et Roselyne Bachelot-Narquin et qui, depuis, sont restées sans réponse :
 qu’ avant fin 2009, l’INPES investisse dans des campagnes de prévention gay l’intégralité des crédits qui auraient dû être attribués ces dernières années à la réalisation de campagnes ciblées homo ;
 que l’INPES lance des campagnes d’information sur le traitement post-exposition (TPE), la primo-infection (symptômes et alertes sur le nombre de contaminations dans ce cas), les risques de co-infection et de sur-infection pour les séropositifs, la valorisation de l’utilisation du préservatif (pour soi, mais aussi pour la communauté homo) ;
 qu’un nouvel appel d’offre spécifique concernant les campagnes de communication en direction des homos soit immédiatement relancé et attribué à une agence de communication compétente ;
 que le travail du groupe d’experts homo soit relancé et que les associations de lutte contre le sida soient consultées - et non simplement “averties” - dans l’élaboration de ces campagnes.